Yannick Nézet-Séguin, lauréate

Naissance le 6 mars 1975 à Montréal, décès le à 

Entrevue

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Biographie

Yannick Nézet-Séguin est assurément l’une des personnalités artistiques dont le Québec a toutes les raisons d’être fier : à 36 ans, comptant à son actif plus de 880 concerts, 190 représentations d’opéras et 26 disques (en date de septembre 2011), il a atteint des sommets auxquels aspirent bien des chefs d’orchestre du monde entier.

Né à Montréal le 6 mars 1975, Yannick Nézet-Séguin commence l’apprentissage du piano à l’âge de 5 ans. À 10 ans, nous apprend sa mère, Claudine Nézet, « après avoir assisté à quelques concerts symphoniques, il s’est mis à dessiner des orchestres. Un jour, il a dit s’être vu lui-même sur le podium. Sa décision était prise. » Trois ans plus tard, sans perdre de vue son objectif, Yannick Nézet-Séguin entre par concours au Conservatoire de musique de Montréal, dans la classe de piano d’Anisia Campos. Il en sort en 1997 après avoir décroché cinq premiers Prix avec grande distinction. Pendant ses études, il suit une session de direction d’orchestre au Conservatoire ainsi que des stages d’été avec des chefs de chœur et d’orchestre. En 1997 et en 1998, grand admirateur de Carlo Maria Giulini, il a le privilège de le suivre en répétitions et en concerts et d’avoir avec lui des rencontres privées sur les œuvres et leur interprétation.

C’est essentiellement auprès de chanteurs qu’à 19 ans, Yannick Nézet-Séguin fait ses débuts professionnels, à titre de maître de chapelle de la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde et de directeur artistique et musical du Chœur polyphonique de Montréal. Un an plus tard s’ajoutent La Chapelle de Montréal, ensemble vocal et instrumental qu’il fonde, assisté de deux autres étudiants en musique, et le Chœur de Laval; avec ces trois ensembles, il aborde le grand répertoire symphonique avec chœur, dont le magistral Requiem de Verdi. Pour couronner cette première étape, Yannick Nézet-Séguin se voit confier les fonctions de chef de chœur et de chef d’orchestre assistant à l’Opéra de Montréal, de 1998 à 2001, puis de conseiller musical au sein de cette compagnie durant la saison 2001-2002. Ce parcours prometteur lui vaut, à l’âge de 24 ans, de recevoir du Conseil québécois de la musique le prix Opus dans la catégorie « Découverte de l’année ».

En 2000, Yannick Nézet-Séguin franchit une étape importante, puisqu’il succède à Joseph Rescigno à la tête de l’Orchestre Métropolitain. Commence alors une ère nouvelle pour cet ensemble, tant par le répertoire que choisit le jeune chef que par les liens qu’il tisse avec son public. Depuis son arrivée, onze disques ont été lancés sous l’étiquette Atma classique et témoignent du niveau remarquable atteint par l’Orchestre Métropolitain sous la direction de son chef. Pour l’année 2005, le Conseil québécois de la musique décerne trois prix Opus à l’orchestre et un à son chef.

Avant ses 30 ans, Yannick Nézet-Séguin a dirigé la plupart des orchestres québécois et canadiens. En 2004, il fait ses débuts européens avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et poursuit son ascension outre-Atlantique, notamment à Vienne, à Berlin, à Dresde et à Paris. Entre 2006 et 2009, c’est au tour des États-Unis de le découvrir sur le podium de plusieurs orchestres d’envergure, dont celui de Boston.

En 2008 – il a 33 ans –, Yannick Nézet-Séguin prend le relais du chef russe Valery Gergiev au pupitre de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam, se partageant dès lors entre les Pays-Bas et Montréal, et effectuant avec sa nouvelle formation des tournées en Amérique, en Europe et en Asie. La même année, il est nommé chef invité principal de l’Orchestre philharmonique de Londres. Devant sa brillante ascension, la Société philharmonique royale de Londres lui remet en 2009 un prix dans la catégorie « Jeunes artistes ».

À lui seul, ce parcours est amplement digne de mention. Or, depuis 2008, la carrière de Yannick Nézet-Séguin se poursuit à un rythme à couper le souffle : acclamé au Festival d’opéra de Salzbourg dans Roméo et Juliette de Gounod, il triomphe en 2009 au Metropolitan Opera de New York dans l’éblouissante production Carmen de Bizet et, les années suivantes, dans Don Carlos de Verdi (2010) et dans Faust de Gounod (2011). La Scala de Milan lui ouvre ses portes en juin 2011 (Roméo et Juliette de Gounod), Salzbourg le réinvite en août 2010 (Roméo et Juliette de Gounod et Don Giovanni de Mozart) et 2011 (Don Giovanni de Mozart).

Durant la saison 2011-2012, Yannick Nézet-Séguin dirigera près d’une centaine de concerts ou représentations d’opéras au Canada, aux États-Unis et en Europe, offrant des programmes d’une grande diversité, alliant le « confort » d’un répertoire cher au grand public et des pages audacieuses à découvrir. Il fera entre autres ses débuts à Covent Garden de Londres dans Rusalka de Dvořák. Et, pour couronner le tout, s’ajoute sa collaboration avec le légendaire Orchestre de Philadelphie, un des cinq grands (« big five ») des États-Unis, où il entrera officiellement en fonction à titre de directeur musical en 2012, succédant notamment aux prestigieux Leopold Stokowski, Eugene Ormandy, Riccardo Muti et à sa première inspiration d’enfant, Charles Dutoit.

Le rêve de tout chef d’orchestre se concrétise lorsqu’en octobre 2010, Yannick Nézet-Séguin donne trois concerts avec l’Orchestre philharmonique de Berlin, reconnu pour son exigence redoutable. Salués par une ovation monstre, ces moments intenses lui valent d’être réinvité en juin 2012 : sa direction « est si forte et si claire que les musiciens du Berliner Philharmoniker ne peuvent ni ne veulent se passer de lui », souligne Matthias Nöther (Berliner Zeitung, traduit de l’allemand par Morf-Bouchard). Il poursuit aussi une extraordinaire relation avec l’Orchestre philharmonique de Vienne, avec lequel il vient de triompher aux prestigieux festivals de Lucerne et de Montreux, avant de le diriger à nouveau à Vienne même, en mars 2012.

Partout où il passe, Yannick Nézet-Séguin fait l’unanimité : sa « force intérieure quasi palpable »  (Claude Gingras, La Presse, Montréal), son charisme, son énergie, sa façon d’aborder chaque partition, de la communiquer  à ceux qu’il dirige comme à ceux qui l’écoutent, sont internationalement reconnus. Ce cheminement artistique est jalonné de nombreuses distinctions, parmi lesquelles figurent le Prix Virginia-Parker du Conseil des Arts du Canada (2000), le Prix du Gouverneur général du Canada pour les arts de la scène (2010) et un doctorat honoris causa de l’Université du Québec à Montréal (2011).

Malgré tous ces honneurs, Yannick Nézet-Séguin conserve la même simplicité, la même passion à communiquer qu’à ses débuts, car pour lui, la musique est « l’expression de l’âme. Tout être humain peut l’accueillir. L’interprétation, toute personnelle soit-elle, est universelle en ce sens qu’elle touche et transcende, sans barrière. Le concert suscite cette fusion. »

Le prix Denise-Pelletier le touche particulièrement : « Il y a la reconnaissance immédiate, les larmes, les frissons, toute la gamme des émotions vécues par le public en salle, voilà la plus grande récompense de l’artiste. Il y a aussi la reconnaissance internationale, celle qui apporte avec elle la célébrité; celle-ci repose sur la première et la confirme en quelque sorte. Mais la reconnaissance chez soi, voilà celle qui donne confiance et propulse l’artiste vers le dépassement de soi sans lequel l’art ne peut s’actualiser. C’est avec beaucoup d’humilité que j’accepte cette reconnaissance de ma province; en effet, s’inscrire dans la lignée des Denise Pelletier, Lionel Daunais, Félix Leclerc, Monique Mercure, Robert Lepage et plusieurs autres personnalités notoires, oblige à en être digne. » 

Information complémentaire

Date de remise du prix :
8 novembre 2011

Membres du jury :
Sophie Galaise (présidente)
Anik Bissonnette
Martin Faucher
Nelson Minville
Mario Trépanier

Crédit photo :
  • Rémy Boily
Crédit vidéo :

Production : Sylvain Caron Productions Inc
Réalisation :
Sylvain Caron
Coordinatrice de production :
Lynda Malo
Caméra et direction photo :
Jacques Desharnais, Vincent Chimisso
Prise de son :
Luc Gauthier
Maquillage :
Hélène-Manon Poudrette
Montage :
Sylvain Caron, Frédéric Blais-Bélanger
Infographie :Jean-Maxime Couillard
Mixage sonore : Studio SonG
Musique originale : Christine Boillat
Musiciens :
André Bilodeau, Christine Boillat, David Champoux et Daniel Marcoux
Entrevues :
Christian St-Pierre
Lieu des tournages :
Centre d'archives de Montréal

Texte :
  • Irène Brisson