Guy Rocher, lauréate

Sociologue

Naissance le 20 avril 1924 à Berthierville, décès le à 

Biographie

À l’origine des sciences sociales
au Québec

Sans contredit, Guy Rocher est le « doyen » actuel de la sociologie
au Québec. Professeur titulaire au Département de sociologie de
l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche en
droit public, cet intellectuel et homme d’action a construit, depuis 50 ans,
une œuvre majeure au point où Philippe Robert, directeur de recherche
au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), estime qu’il « 
a porté dans tout le monde savant la réputation des sciences sociales
québécoises ».

Pluridisciplinaire, le professeur Rocher a insufflé un puissant vent
d’humanisme autant dans ses écrits que dans ses engagements dans la vie
publique. Avec érudition et fidèle à ses convictions, Guy
Rocher s’inscrit de plain-pied dans l’histoire du Québec contemporain
en prenant une part active aux décisions culturelles, sociales et politiques
de la société. Par son vaste savoir, il éclaire les problématiques
les plus fondamentales liées à l’éducation, à la
culture, à la santé et au bien-être. Lui-même confie
sans hésiter : « Ma vision n’est pas neutre… Je le reconnais
: je suis un sociologue engagé. »

Une œuvre d’envergure

Né en 1924, Guy Rocher est diplômé en sociologie de l’Université
Laval (1950) et de l’Université Harvard où il soutient, en 1958,
une thèse sur les rapports entre l’Église et l’État en
Nouvelle-France. Jeune professeur à l’Université Laval, il se
voit confier la direction de l’École de service social et de la revue
Service social (1958-1960).

En 1960, il enseigne à l’Université de Montréal, devient
vice-doyen de la Faculté des sciences sociales de 1962 à 1967
et dirige le Département de sociologie de cet établissement jusqu’en
1965. En 1968-1969, il séjourne comme associé de recherche à
l’Université de Californie à Berkeley. À partir de 1979,
Guy Rocher s’affilie au Centre de recherche en droit public de la Faculté
de droit de l’Université de Montréal afin d’y poursuivre des travaux
sur les différents aspects du droit en tant que composante sociale.

Parmi les seize ouvrages que Guy Rocher a écrits, Introduction à
la sociologie générale
est sans conteste un des livres québécois
de sociologie les plus marquants du XXe siècle. Publié
en trois volumes à Montréal (1968-1969), il est traduit en six
langues et remporte deux fois le prix du meilleur livre, en version anglophone
et francophone, de la Fédération canadienne des sciences sociales.
Guy Rocher fait paraître aussi, en France, Talcott Parsons et la sociologie
américaine
(1972), traduit en italien, en anglais, puis en portugais,
en néerlandais et en japonais. Son oeuvre compte en outre Le Québec
en mutation
(1973) et une autobiographie sous forme d’entretiens avec Georges
Khal : Entre les rêves et l’histoire en mutation (1989).

Guy Rocher signe également plus de 200 articles, ouvrages collectifs,
études et documents de travail, dont École et société
au Québec
, avec Pierre W. Bélanger (1971), Écoles
de demain
(1976), Continuité et rupture. Les sciences sociales
au Québec
(1984), Le Québec en jeu. Comprendre les grands
défis
(1992), Entre droit et technique : enjeux normatifs et sociaux
(1994), Études de sociologie du droit et de l’éthique
(1996) et Si je me souviens bien/As I recall (1999). Outre ses écrits,
il multiplie les entrevues à la radio et à la télévision,
et il prononce de nombreuses conférences à l’étranger.

Un engagement social

Par son engagement social, le professeur Rocher contribue à l’édification
d’un système d’éducation moderne et ouvert au monde. Il est membre
de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement pour la province
de Québec (commission Parent) de 1961 à 1966, président
du Comité d’étude pour la création de l’Université
du Québec à Montréal (1965-1966) et membre du groupe de
travail MacDonald sur la recherche universitaire au Canada (1967-1974).

Au cours de sa carrière, Guy Rocher dirige plusieurs comités
d’étude ou de rédaction, organismes universitaires et associations
professionnelles. Il participe, en Belgique, à la création de
l’Association internationale des sociologues de langue française. À
titre de secrétaire général associé au Conseil exécutif
du gouvernement québécois, il est deux fois sous-ministre, d’abord
au développement culturel (1977-1979), puis au développement social
(1981-1983). Son intérêt pour la culture québécoise
se manifeste encore à titre de directeur de collection dans une importante
maison d’édition et comme administrateur d’une troupe de théâtre.

Chevalier de l’Ordre national du Québec et compagnon de l’Ordre du Canada,
Guy Rocher est membre honoraire de l’American Academy of Arts and Sciences.
De nombreuses récompenses lui ont été décernées,
dont le prix Marcel-Vincent, de l’Association canadienne-française pour
l’avancement des sciences, le prix de la Société canadienne de
sociologie et d’anthropologie ainsi que la médaille Pierre-Chauveau (Société
royale du Canada).

En dépit de ses multiples activités, Guy Rocher continue d’enseigner
et dirige encore de nombreux mémoires de maîtrise et thèses
de doctorat. Quant à sa conception du rôle de l’État en
ce début du XXIe siècle, le professeur, partisan de la social-démocratie,
se porte aujourd’hui à la défense d’un État providence
revigoré : « La liberté du citoyen n’existe que dans la mesure
où il y a un État de droit. L’État a besoin de se faire
critiquer, mais je m’oppose à ce qu’on le liquide. »

Résumé de la carrière de Guy Rocher

1958
Doctorat en sociologie de l'Université Harvard

1960-
Professeur à l'Université de Montréal

1971
Compagnon de l'Ordre du Canada

1989
Prix de la Société canadienne de sociologie et d'anthropologie

1991
Chevalier de l'Ordre national du Québec

1995
Prix Léon-Gérin

1997
Prix Molson

1998
Prix Esdras-Minville de la Société Saint-Jean-Baptiste

1999
Prix William Dawson de la Société royale du Canada

Information complémentaire

Date de remise du prix :
3 décembre 1995

Membres du jury :
Paule Leduc (présidente)
Gérard Bouchard
Micheline Dubé
Henry Habib
Pierre Lefebvre
Crédit photo :
  • Marc-André Grenier
Texte :
  • Alix Renaud
Mise à jour :
  • Nathalie Dyke