Armand Frappier, lauréate

Microbiologiste

Naissance le 26 novembre 1904 à Salaberry-de-Valleyfield, décès le 18 décembre 1991 à Montréal

Biographie

Armand Frappier est une grande figure à la fois du Canada et de la
microbiologie mondiale, ayant mené cette science vers les sommets les
plus élevés.

Docteur Cordier, doyen, Faculté de médecine de Paris, 1964.

« La volonté de prévenir la maladie n’a pas pour seul objet
l’individu et son milieu immédiat. La santé n’a pas de frontière
nationale », explique Armand Frappier, l’homme ayant fourni les assises
de la microbiologie québécoise. Il décrit ainsi sa vision
universelle de la médecine, sous-jacente à son œuvre scientifique.
Ce microbiologiste exercera une influence capitale sur la médecine préventive,
de même que sur le mouvement de la santé publique, non seulement
au Canada mais à l’échelle mondiale, par la lutte incessante qu’il
livrera pendant plus de 50 ans aux maladies infectieuses. Au Québec,
Armand Frappier rend possible, par son action, l’établissement de disciplines
telles que la virologie, l’épidémiologie et l’immunologie.

Un combat contre la tuberculose

La mort de sa mère, emportée par la tuberculose (cette maladie
frappe durement le Québec au début du XXe siècle), et l’impuissance
de la science de l’époque à contrer la maladie poussent Armand
Frappier vers la recherche en médecine préventive. Cependant,
ses aspirations, plus fortes, l’emportent et l’incitent à se diriger
vers une nouvelle discipline qui, à ses yeux, a de l’avenir dans la prévention
des maladies infectieuses : la microbiologie. Cet engagement sera déterminant
en ce qui a trait à l’amélioration de la santé publique
et, plus particulièrement, au traitement de la tuberculose, une constante
préoccupation du microbiologiste.

Après plusieurs séjours d’étude dans des laboratoires
américains et européens, Armand Frappier, de retour au pays, amorce
sa contribution unique à la prévention de la tuberculose. Dès
le début de sa carrière, en 1934, il est maître d’œuvre
des travaux de recherche expérimentale portant sur le fameux vaccin antituberculeux,
le BCG, découvert à Paris par les chercheurs Calmette et Guérin.
C’est d’ailleurs à l’Institut Pasteur, dirigé par ces deux grands
maîtres de la bactériologie, qu’Armand Frappier s’initie à
la fabrication du vaccin.

À l’époque, le BCG représente une nouveauté controversée,
l’idée d’un vaccin vivant, quoique atténué, rebutant les
scientifiques. Armand Frappier s’acharne, convaincu de la valeur du vaccin.
Il livre une rude bataille afin de soulever l’intérêt à
l’égard de ce moyen de prévention. Ses recherches, d’une importance
primordiale, auront de considérables répercussions. On reconnaît
d’ailleurs rapidement en Armand Frappier une autorité internationale
dans le domaine de la lutte contre la tuberculose.

Au cours des années 50, l’influence du chercheur grandit; il s’impose
dans le dépistage et le contrôle de la tuberculose, en devenant
l’instigateur de l’application rationnelle et universelle de la vaccination
par le BCG au Canada et dans le monde. Cette mission est précédée
de nombreuses recherches en vue de la standardisation du vaccin, recherches
se trouvant à l’origine de la création du plus important laboratoire
de production de BCG en Amérique du Nord.

L’Institut Armand-Frappier, fleuron de la recherche médicale

Armand Frappier n’a pas que des préoccupations scientifiques; il s’intéresse
aussi à l’institutionnalisation de la recherche médicale au Québec.
En 1938, il joue un rôle des plus déterminants à cet égard
en fondant le premier centre de recherche médicale du Canada français,
l’Institut de microbiologie et d’hygiène de Montréal, devenu en
1975 l’Institut Armand-Frappier. Cette œuvre maîtresse de la carrière
du chercheur sera à la fois un centre d’enseignement reconnu pour son
excellence et un foyer bio-industriel rendant le Québec autosuffisant
en matière de développement et de production de vaccins et de
services diagnostiques. Plus de 50 années après sa fondation,
l’Institut Armand-Frappier demeure un haut lieu de la recherche en microbiologie,
dont la liste des créations, en plus d’une vingtaine de vaccins et sérums,
compte, entre autres, un des rares laboratoires s’intéressant à
la lèpre dans le monde.

Armand Frappier demeure près de 40 années à la gouverne
du célèbre Institut. Il lui fait prendre un essor remarquable,
lui ouvrant les portes de la recherche scientifique internationale. Dès
ses débuts, outre qu’il est un lieu de diffusion et de production du
BCG, l’Institut fournit des vaccins contre la diphtérie, la variole,
la typhoïde et le tétanos, destinés aux champs de bataille
européens. À la même époque, Armand Frappier procède
aux premières tentatives de lyophilisation du sérum humain.

Après la Seconde Guerre mondiale, dans un souci constant d’innovation,
l’Institut se penche sur l’étude expérimentale et épidémiologique
de la grippe et devient ainsi l’un des premiers producteurs de vaccins antigrippaux
au Canada. Plus tard, vers les années 60, Armand Frappier dirige ses
équipes vers la production de vaccins contre la rougeole ainsi que les
fameux vaccins Salk et Sabin contre la poliomyélite, qui fait alors d’importants
ravages au Québec.

Bien plus encore, l’œuvre d’Armand Frappier comprend une contribution
fondamentale à l’organisation de l’enseignement de la microbiologie.
Il participe à la formation de spécialistes par l’entremise de
sa fonction de directeur du Département de microbiologie et d’immunologie
de l’Université de Montréal et, surtout, par son rôle de
fondateur et de directeur de l’École d’hygiène de Montréal,
maintenant intégrée à la Faculté de médecine
de la même université. À l’origine d’un tel accomplissement
se trouve une constante motivation qu’Armand Frappier décrit ainsi :
« Ce que je désirais, c’était de nous donner les moyens
d’avoir chez nous une véritable vie scientifique. » Défi
de taille, certes, mais si l’on en croit les nombreux prix et distinctions,
dont six doctorats honoris causa reçus d’un peu partout dans le monde,
un défi admirablement relevé.

Résumé de la carrière de Armand Frappier

1930
Doctorat en médecine de l'Université de Montréal

1933-1964
Directeur du Département de microbiologie et d'immunologie de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal

1938-1974
Fondateur et directeur de l'Institut de microbiologie et d'hygiène de Montréal

1945-1965
Fondateur, doyen et directeur des études de l'École d'hygiène de l'Université de Montréal

1946
Officier de l'Ordre de l'Empire britannique

1948
Médaille de l'Institut Pasteur

1957
Médaille de l'Académie nationale de médecine (France)

1969
Compagnon de l'Ordre du Canada

1970
Membre honoraire de la Société médicale polonaise

1971
Prix Jean-Toy de l'Académie des sciences de l'Institut de France

1977
Associé étranger de l'Académie nationale de médecine de France

1979
Médaille Thomas W. Eadie de la Société royale du Canada

1979
Prix Marie-Victorin

1985
Grand officier de l'Ordre national du Québec

1985
Médaille d'or de l'Ordre national du Québec

Information complémentaire

Date de remise du prix :
16 octobre 1979

Membres du jury :
Aurèle Beaulnes
Lionel Boulet
André Lemay
René Racine
Jean Rochon
Crédit photo :
  • Éditeur officiel du Québec
Texte :
  • Claire Gagnon
Mise à jour :
  • Nathalie Kinnard