Roland Giguère, lauréate

Naissance le 4 mai 1929 à Montréal, décès le 17 août 2003 à Montréal

Biographie

Roland Giguère est le seul créateur lauréat de deux Prix
du Québec. Et, qui plus est, l’année même où il obtenait
le prix Paul-Émile-Borduas, il était finaliste au prix Athanase-David
(qui lui reviendra en 1999). C’est que, chez cet ami d’Albert Dumouchel, il
y a toujours eu interpénétration des deux modes d’expression que
sont le verbal et le non-verbal, « un continuel va-et-vient, comme
l’écrit François Charron, entre l’étrangeté de la
langue et la magie du dessin ». Manifestement, Giguère peint
comme il écrit ; et vice versa…

Son activité littéraire est antérieure à son activité
picturale, et Giguère convient que celle-ci est tributaire de celle-là.
Il n’a jamais caché son indifférence devant « une certaine
peinture rétinienne » : « Ce qui m’intéresse
dans la peinture, c’est ce qu’elle peut suggérer, ce qu’elle peut dire
et non ce qu’elle peut montrer. » Il est significatif que la transposition
de ses conceptions littéraires en conceptions picturales se soit faite
très lentement au fil des années, les petits dessins qui enluminaient
les cahiers de poèmes devenant peu à peu des compositions graphiques
et chromatiques, où la poésie ne subsistait littéralement
que dans les titres. De là aussi le fait que l’évolution de ces
deux modes d’expression chez Giguère suive des voies différentes
: les poèmes publiés après 1965 dénotent une épuration
certaine de l’écriture, tandis que les encres manifestent de plus en
plus un foisonnement inédit des formes et des couleurs ; comme si le
peintre, plus que le poète, était encore en période d’exploration
de son langage…

Roland Giguère – qui situe sa vraie naissance vers l’âge
de 17 ans, au moment où il découvre Éluard – n’expose
pour la première fois, à la galerie L’Actuelle, qu’en 1955 et,
en 1966, le tout nouveau Musée d’art contemporain de Montréal
consacre une exposition importante à ses toiles de la série Pouvoir
du noir
, le meilleur cru de l’artiste aux yeux des puristes.

Comme son ami Léon Bellefleur, Roland Giguère fait de longs séjours
à Paris, à partir de 1954, au cours desquels il rencontre André
Breton ; il participe également aux activités du Mouvement surréaliste
et, surtout, à celles du groupe Phases, un rejeton du cercle de Breton,
mais plus international et moins doctrinaire.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
23 novembre 1982

Membres du jury :
Madeleine Dansereau (présidente)
Rose-Marie Arbour
Ulysse Comtois
Andrée Paradis
Maurice Savoie

Crédit photo :
  • Daniel Lessard
Texte :
  • Gilles Daigneault