Maurice Blackburn, lauréate

Naissance le 22 mai 1914 à Québec, décès le 29 mars 1988 à Montréal

Biographie

Il peut sembler inusité qu’un musicien reçoive une haute distinction
habituellement remise à un cinéaste. Quand on apprend qu’il s’agit
de Maurice Blackburn, cependant, l’étonnement s’estompe rapidement. C’est
que Blackburn a consacré l’essentiel de sa production à la musique
pour le cinéma, ayant signé des partitions originales pour 414
films entre 1941 et 1985.

« Les compositeurs sérieux montréalais, explique
le musicien Yves Daoust, engagés dans le courant structuraliste d’après-guerre,
n’ont pas toujours saisi la portée de l’œuvre de Blackburn et la
modernité de sa démarche. » C’est que dans son abondante
production, Blackburn a composé son lot de musiques légères,
utilitaires, dans un style conservateur souvent dicté par les films et
les cinéastes eux-mêmes. Mais lorsqu’il en a eu l’occasion, Blackburn
a su s’engager dans des approches nouvelles, manipulant le son avec liberté
et audace. Sa collaboration avec Norman McLaren, qui l’incite à jouer
avec le son comme lui-même triture la pellicule, occupe la meilleure place
dans son abondante filmographie. Ainsi, les trames sonores de A Phantasy
(1951) et de Blinkity Blank (1955) sont des classiques : dans le premier
film, Blackburn mêle des sons synthétiques à une partition
pour trois saxophones, tandis que dans le deuxième, l’enregistrement
d’une partition pour cinq instruments est découpé pour qu’on y
intègre des segments de sons synthétiques.

En 1965, Blackburn affirmait : « C’est peut-être parce que je conçois
le cinéma comme un opéra qu’il m’est difficile de penser aux images,
aux bruits, au commentaire, à la musique, comme si ces éléments
pouvaient être compartimentés, isolés les uns des autres.
 » La réalisatrice Anne Claire Poirier, avec qui le musicien a travaillé
notamment pour Les Filles du Roy (1974) et Mourir à tue-tête
(1979), va dans le même sens : « Il faisait plus que de la musique
filmique. Ses conceptions musicales et sonores prenaient forme dans une entité
qui incluait toute la réalité du champ sonore. Il a toujours travaillé
dans cette optique. »

L’apport de Maurice Blackburn au cinéma québécois ne se
résume donc pas seulement à la composition de pages et de pages
de musique, s’inspirant tantôt du folklore, tantôt de la musique
contemporaine. Son apport mène plutôt, pour l’ensemble des cinéastes
qui l’ont fréquenté, sur une prise de conscience de l’ensemble
des possibilités offertes par le travail du son au cinéma. En
ce sens, Blackburn a contribué à élargir l’idée
de la mise en scène cinématographique.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
11 octobre 1983

Membres du jury :
Rock Demers (président)
Francine Laurendeau
Maurice Leblanc
Roland Smith
André Théberge
Crédit photo :
  • Bernard Vallée
Texte :
  • Marcel Jean