Yves Bergeron, lauréate

Spécialiste de l'écologie forestière

Naissance le 7 juin 1956 à Montréal, décès le à 

Entrevue

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Biographie

Au nord de l’Abitibi, près de l’Ontario, un territoire de 8 000 hectares abrite un îlot de forêt vierge du Québec, en plein coeur d’une région abondamment exploitée par l’industrie forestière depuis les années 70. C’est là, dans la Forêt d’enseignement et de recherche du lac Duparquet (dont il est l’un des pères fondateurs) et ailleurs au Québec, que depuis plus de vingt ans le professeur Yves Bergeron tente de réconcilier l’aménagement forestier avec l’écologie. Œuvrant sans relâche pour mieux comprendre la dynamique naturelle des forêts, le biologiste travaille main dans la main avec les gestionnaires industriels et gouvernementaux pour les aider à rendre leurs pratiques plus durables et assurer la pérennité de la forêt boréale, l’un des plus précieux joyaux du patrimoine québécois.

Rien ne prédestinait ce Montréalais de souche à déménager dans un petit village de l’Abitibi, si ce n’est une curiosité sans bornes pour la nature et ses innombrables mystères. Dernier de quatre enfants nés d’un père voyageur de commerce et d’une mère au foyer, Yves Bergeron se passionne depuis sa plus tendre enfance pour les animaux. Il rêve d’être vétérinaire, mais il s’inscrit finalement au programme menant à un baccalauréat en biologie à l’Université de Montréal, dans l’espoir de travailler en biologie animale. Au cours de ses études, il découvre que l’univers des plantes n’est pas moins intéressant. En cinq ans d’un programme de maîtrise-doctorat, le biologiste se forme à l’écologie forestière sous la houlette du professeur André Bouchard, son mentor. Yves Bergeron travaille alors à la classification écologique de l’Abitibi, région peu connue des biologistes, à partir de l’étude du territoire de la forêt du lac Duparquet, où les recherches débutent à peine. Au Québec, il est l’un des premiers à adopter cette approche qui consiste à décrire finement l’écologie d’un territoire dans le but de permettre son aménagement éclairé.

En arpentant la forêt boréale, Yves Bergeron prend conscience des conséquences majeures de l’exploitation du bois, alors que les parcelles qu’il étudie disparaissent les unes après les autres à grand renfort de coupes mécanisées. Dès lors, le biologiste consacrera sa carrière à mieux comprendre la dynamique naturelle de ces territoires, de même qu’à sensibiliser industrie et décideurs au fait que l’écologie peut permettre une exploitation plus durable.

Après ses études postdoctorales à l’Université Laval, à Québec, Yves Bergeron est nommé professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en 1985. Rapidement, les études menées au sein du Groupe de recherche en écologie forestière, qu’il met sur pied en 1989, contribuent à transformer la région du lac Duparquet en un véritable laboratoire à ciel ouvert. Conjuguant recherche fondamentale et recherche appliquée, Yves Bergeron travaille à « mettre un peu de science dans la gestion des forêts », comme il aime à l’expliquer. Grand vulgarisateur, ce scientifique est aussi un rassembleur qui sait faire confiance et déléguer. Pour protéger ce vaste territoire, Yves Bergeron participe à l’implantation d’un mode de gestion originale : l’UQAM et l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) gèrent conjointement la forêt avec la collaboration de représentants de deux entreprises forestières; cette forêt de recherche et d’expérimentation est reconnue depuis 1996 par le gouvernement du Québec. Ainsi, les trois quarts du territoire sont exploités suivant les principes de l’aménagement durable, tandis que le reste, intact, sert de référence.

Depuis 1998, Yves Bergeron est à la fois professeur à l’UQAM et à l’UQAT et titulaire de la Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en aménagement forestier durable. Plutôt que de s’opposer aux compagnies forestières ou d’appuyer sans limites les groupes écologistes, il prend le parti de la science, seule capable de révéler la recette du difficile équilibre entre exploitation et protection. En plus de l’UQAM et de l’UQAT, la Chaire regroupe neuf partenaires industriels, dont des géants du secteur comme Domtar, Tembec ou Abitibi Consolidated, et six partenaires institutionnels engagés dans la gestion des forêts, tels que le ministère des Ressources naturelles du Québec ou le Service canadien des forêts. Les travaux de la Chaire sont également réalisés de manière étroite avec une multitude de chercheurs rattachés à d’autres universités du Québec et d’ailleurs.

La qualité des recherches d’Yves Bergeron, qui portent notamment sur la dynamique des incendies de forêt, est reconnue à l’échelle internationale. Auteur de plus de 200 publications scientifiques dans des revues savantes, il a déjà été conférencier invité dans plusieurs pays, dont la Chine, la Suède et l’Allemagne. Il a reçu, entre autres, le prix Méritas de la recherche forestière du Conseil de la recherche forestière du Québec en 1997 et le prix Michel-Jurdant de l’Acfas en 1999. Depuis 2003, le biologiste est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie et aménagement forestier durable. Son expertise est aussi reconnue par le gouvernement du Québec, qui lui a confié en 2006 la coprésidence d’un comité chargé de réévaluer la limite nordique des forêts commerciales.

Par l’étendue de ses différentes formes de collaboration, Yves Bergeron a également contribué de multiples façons à la vitalité de l’UQAT, dont il est l’un des plus fervents défenseurs. Titulaire de deux des huit chaires que compte l’Université, il est persuadé que la recherche constitue un pilier très important pour le développement économique et social des régions. Et il s’inquiète du fait que les postes accordés dans les universités se font souvent au prorata du nombre d’étudiants de premier cycle, qui, dans les régions éloignées, tend à diminuer sous l’effet conjugué de la démographie et des difficultés économiques.

Avec sa conjointe et fidèle collaboratrice Francine Tremblay, professeure de génétique et physiologie végétale à l’UQAT, Yves Bergeron vit la plupart du temps au coeur du territoire pour lequel il se passionne. Leurs trois garçons de 17, 14 et 12 ans ne manifestent guère, pour l’instant, d’intérêt marqué pour la recherche forestière, mais ils apprécient la nature et la vie au grand air. Et ce n’est pas sans une certaine fierté que papa parle de l’élevage d’agneaux et de poules de son plus jeune fils! Bien qu’il pense beaucoup à son travail, Yves Bergeron sait aussi relaxer et prend grand plaisir à la chasse et à la pêche qu’il peut pratiquer à moins de 15 minutes de chez lui. Autant d’occasions pour cet amoureux de la nature d’arpenter un territoire qui n’a jamais cessé de piquer sa curiosité.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
6 novembre 2007

Membres du jury :
Yves Bégin, président
Serge Demers
Brigitte Jaumard
Christian Messier
Maryam Tabrizian

Crédit photo :
  • Rémy Boily
Crédit vidéo :
Production : Ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale du Québec
Réalisation : Alain Drolet
Caméra et direction photo : Ronald Landry
Caméra : Guylaine Pariseau
Prise de son : Carl Longchamps
Montage : Andréane Cyr, Digipoint
Montage sonore : Stéphane Carmichael, Studio Expression
Programmation DVD : Jean Michaud, Digipoint
Compression numérique : Hugo Comtois, IXmédia
Musique originale : Alexis Le May
Musiciens : Katia Durette, Yana Ouellet, Stéphane Fontaine, Annie Morier, Caroline Béchard,
Suzanne Villeneuve, Benoît Cormier, Jean Robitaille, André Villeneuve, Daniel Tardif, Alexis Le May,
Éric Pfalzgraf
Narratrice : Sophie Magnan
Entrevue : Richard Joubert
Texte :
  • Valérie Borde