Jean Pierre Lefebvre, lauréate

Naissance le 17 août 1941 à Montréal, décès le à 

Biographie

Jean Pierre Lefebvre, c’est l’entêtement tranquille de celui qui refuse
de sacrifier sa vision des choses aux normes imposées et c’est l’enseignant
passionné qui aime et qui recherche le contact avec les jeunes. Le plaisir
et l’urgence sont, au dire du cinéaste, deux incontournables, deux pivots
essentiels à sa démarche de création. Et les urgences sont
de toutes sortes. Elles peuvent être sociales, comme dans Avoir seize
ans
(1979), ou amoureuses, comme dans Les Dernières Fiançailles
(1973).

Ardent défenseur du cinéma indépendant, ce guerrier tendre,
qui s’est toujours battu pour conserver son intégrité, a choisi
de dépeindre avec lucidité et affection les traits intimes des
êtres humains, et ce, en se forgeant une esthétique minimaliste
imposée, mais acceptée, par le peu de ressources dont il disposait
pour tourner. En fondant ses propres compagnies de production, le cinéaste
a réalisé les films qu’il voulait, des films qui comptent parmi
les meilleurs de la cinématographie québécoise.

Sa filmographie comprend une trentaine de longs métrages, de vidéos,
de documents didactiques et d’écrits sur le cinéma. De L’Homoman
(1964) jusqu’à Aujourd’hui ou jamais (1998), en passant par
Il ne faut pas mourir pour ça (1967), L’Amour blessé
(1973), On n’engraisse pas les cochons à l’eau claire (1973) et
Jusqu’au cœur (1968), l’œuvre de Lefebvre parle de l’être
humain, de ses bonheurs, de ses difficultés et des moyens qu’il utilise
pour se débrouiller dans une société en changement.

Créateur, Jean Pierre Lefebvre est aussi un penseur qui pose un regard
critique sur sa propre création, sur celle des autres et, plus globalement,
sur l’industrie du cinéma. Pour lui, critique rime avec éthique.
« J’ai une morale bien simple : je n’ai fait aucune image que je ne pouvais
montrer à mes enfants, et cela, même quand j’ai fait des films
pour faire mal. »

Malgré la lucidité de ses propos et les thèmes qu’il aborde,
Lefebvre se refuse à parler de son cinéma comme d’un cinéma
engagé. « Je ne fais pas de cinéma engagé parce que
mon cinéma n’a aucun parti pris politique. Je pense que le créateur
n’est ni pour ni contre la société, il est avec elle », explique-t-il.

Le cinéma de Lefebvre a récolté sa part de lauriers sur
la scène internationale : Prix de la critique internationale au Festival
de Cannes et Plaque d’argent au Festival de Figueira da Foz, au Portugal, pour
Les Fleurs sauvages (1982), Prix spécial du jury au Festival du
film de l’ensemble francophone à Dinard, Prix de l’Organisation catholique
internationale du cinéma, prix Enzo Fiore pour Les Dernières
Fiançailles
.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
3 décembre 1995

Membres du jury :
Paul Warren (président)
Francine Laurendeau
Michel Brault
Crédit photo :
  • Marc-André Grenier
Texte :
  • Yolande Côté et Claude Janelle