Marcel Boyer, lauréate

Naissance le 25 août 1943 à Saint-Jérôme (Laurentides), décès le à 

Biographie

À l’aube de ses études classiques, le jeune Marcel Boyer envisageait de devenir missionnaire. Au fil de ses études, il se découvre un intérêt pour la littérature, puis la philosophie. À l’âge de vingt ans, un cours d’économie du développement lui permet de s’initier à une discipline qui incarne ses passions : la science économique. Il y voit une avenue pour comprendre les comportements humains ainsi que les équilibres sociaux et pouvoir engager des actions par la suite.

Après avoir obtenu une maîtrise en sciences économiques de l’Université de Montréal, Marcel Boyer poursuit ses études à l’Université Carnegie-Mellon, où il obtiendra un doctorat. Il devient par la suite professeur au Département de sciences économiques de l’Université de Montréal en 1974. Il y sera directeur de 1983 à 1989 et militera ardemment pour l’excellence en enseignement et en recherche. Le département figurera à ce moment parmi les plus importants du Canada et se hissera au tout premier rang mondial des départements de langue française.

Marcel Boyer a été titulaire de la Chaire Jarislowsky-CRSH-CRSNG en technologie et concurrence internationale de l’École polytechnique de Montréal de 1993 à 2000 et titulaire de la Chaire Bell Canada en économie industrielle de l’Université de Montréal de 2003 à 2008.

Des contributions exceptionnelles aux sciences économiques

Marcel Boyer définit lui-même l’économique comme la science sociale qui étudie le développement des mécanismes de coordination, de motivation, de spécialisation, de réglementation, de gestion et d’échange qui conditionnent et concrétisent le développement de notre intelligence collective.

Sa remarquable carrière de chercheur s’articule autour de contributions d’envergure sur des thèmes aussi multiples que variés, tels que la théorie de la croissance, les comportements stratégiques, l’incertain et l’information, l’analyse économique du droit et autres sujets comme la théorie des organisations ainsi que le partage des coûts et la tarification des infrastructures.

Il est parmi les premiers à modéliser, dans les années 1970, la formation d’habitudes de consommation (dépendance) en théories de la demande et de la croissance économique; il s’agit d’une contribution fondamentale à une préoccupation omniprésente aujourd’hui. Ses analyses des comportements stratégiques revêtent également une importance majeure. Il démontre entre autres qu’en matière de choix technologiques et organisationnels, une trop grande flexibilité peut ne pas être profitable, car elle invite à une intensification de la concurrence. Il contribue aussi à la théorie des options réelles et à ses applications en évaluation des investissements et des politiques publiques.

Bâtisseur et rassembleur

L’économiste est le cofondateur du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), dont il sera le premier directeur scientifique et le second président-directeur général. Le CIRANO deviendra rapidement un centre de recherche scientifique de grande visibilité internationale et un institut de référence mondiale en matière de liaison et de transfert interuniversitaire, multidisciplinaire et plurisectoriel.

Les talents de bâtisseur et de rassembleur de M. Boyer en ont fait une figure de proue du monde universitaire au Québec et au Canada, et ce, depuis plus de quarante ans. « Par son exemple et son rôle de leader, Marcel Boyer a eu une influence déterminante sur la carrière de nombreux économistes et chercheurs québécois, dont moi-même », mentionne Jean-Marie Dufour, lauréat du prix Léon-Gérin 2008.

Il agira également comme économiste expert auprès d’entreprises et d’organismes gouvernementaux, tant au Canada qu’à l’étranger. De surcroît, il apportera une collaboration essentielle aux débats sur les politiques publiques au Québec et témoignera à maintes reprises devant divers comités, commissions, régies et tribunaux. On lui reconnaîtra une grande patience et un talent certain pour expliquer en termes simples des théories économiques parfois complexes, ainsi qu’un désir évident de transmettre ses connaissances à ses interlocuteurs.

Depuis plus de quinze ans, l’homme contribue à la valorisation des droits d’auteur devant la Commission du droit d’auteur du Canada. Son apport à la juste rémunération des créateurs se solde aujourd’hui par des ajouts de plusieurs dizaines de millions de dollars annuellement pour les auteurs, les compositeurs, les interprètes et les producteurs d’enregistrements sonores.

Une production scientifique reconnue internationalement

Marcel Boyer est l’auteur ou le coauteur de plus de 275 publications, dont des articles, des cahiers scientifiques et des rapports publics et privés, en plus d’avoir donné près de 370 conférences à travers le monde. Plusieurs de ses publications universitaires, parues dans des revues internationales, ont non seulement amélioré la compréhension d’un éventail de phénomènes économiques et sociaux, mais ont également été traduites en outils d’aide à la décision pour les milieux de pratique. À cet égard, quatre lauréats du prix Nobel d’économie (Gary Becker, Robert E. Lucas, Edward Prescott et Jean Tirole) citent avantageusement ses travaux.

L’économiste a également codirigé Bayesian Models in Economic Theory, Frontiers in the Economics of Environmental Regulation and Liability et Intellectual Property and Competition Law. Il a coécrit Partage des coûts et tarification des infrastructures et Réinventer le Québec – Douze chantiers à entreprendre (finaliste 2015 au prestigieux Prix de la Fondation canadienne Donner). De plus, il est l’auteur de Manifeste pour une social-démocratie concurrentielle.
L’excellence de sa carrière scientifique est également soulignée à maintes reprises : la Société canadienne de science économique lui attribue en 1985 le prix Marcel-Dagenais, l’Université d’Alberta lui décerne en 1988 l’Endowment-for-the-Future Distinguished Scholar Award et l’Association francophone pour le savoir lui attribue en 2002 le prix Marcel Vincent. Il est élu fellow de la Société royale du Canada en 1992, membre honoraire (fellow) de l’Association canadienne d’économique en 2013 et membre honoraire de l’Association française des économistes de l’environnement et des ressources naturelles en 2014. De 1992 à 2000, il est appelé à siéger au Board of Directors du National Bureau of Economic Research, le centre de recherche économique le plus important et éminent du monde.

La renommée internationale de Marcel Boyer est confirmée par le prestigieux classement RePEc (Research Papers in Economics), qui le classe dans le premier 3 % des économistes universitaires à travers le monde sur le plan de la production et du rayonnement scientifiques ainsi qu’au tout premier rang au Québec pour le rayonnement de ses étudiants de doctorat.

Un retraité énergique et fort affairé

Professeur émérite de sciences économiques à l’Université de Montréal depuis 2009, ses récents articles, ouvrages et conférences témoignent d’une vitalité scientifique hors du commun.

En plus d’agir comme président de la Society for Economic Research on Copyright Issues, il est membre associé de la Toulouse School of Economics et membre du Comité d’orientation scientifique des Chaires en finance durable et en investissement responsable de l’Association française de la gestion financière à l’École polytechnique de Paris et à l’Université de Toulouse. À cela s’ajoute la préparation de trois ouvrages, soit Méthodes avancées d’évaluation d’investissement, Water on Wall Street et la version 2 de Manifeste pour une social-démocratie concurrentielle.

Au-delà de ses compétences et de ses réalisations, ceux qui connaissent Marcel Boyer sont unanimes à reconnaître sa grande générosité, sa chaleur humaine, sa joie de vivre et son sens de l’humour. Son plus grand bonheur demeure de pouvoir partager des moments privilégiés avec ses amis, sa famille élargie et ses huit petits enfants.

Information complémentaire

Membres du jury :
Barbara Bader (présidente)
Marie Beaulieu
Jean Grondin
Jean-François Moreau

Crédit photo :
  • Éric Labonté
Texte :
  • MEIE