Claude Jasmin, lauréate

Naissance le 10 novembre 1930 à Montréal, décès le 29 avril 2021 à 

Témoignage

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Biographie

Romancier, essayiste, poète et scénariste engagé, Claude Jasmin reçoit le prix Athanase-David pour une carrière et une œuvre qui ont marqué profondément la littérature québécoise.

Né à Montréal en 1930, Claude Jasmin est un enfant de la Petite-Patrie, origine dont il est d’autant plus fier que le nom de ce quartier, aujourd’hui passé à l’usage, est un hommage au roman, puis à la télésérie du même nom qu’il a créés, au début des années 1970.

À l’instar des Michel Tremblay, Yvon Deschamps et bien d’autres qui témoignent du formidable essor culturel du Québec au siècle dernier, il a grandi dans un milieu modeste.

Comme d’innombrables jeunes créateurs talentueux, Claude Jasmin est passé par la Roulotte de Paul Buissonneau, parcourant les parcs aux côtés du fondateur du Théâtre de Quat’Sous pour offrir le rêve et la magie aux enfants de Montréal. Buissonneau – qui est aussi le Picolo bien connu des jeunes téléspectateurs d’alors – reconnaît en Jasmin une recrue aux multiples qualités d’acteur, de décorateur et de marionnettiste. Ce fut le début d’une longue amitié brodée d’une folle créativité. Paul admirait le talent de Claude, et Claude aimait comme un frère ce Français qui, se souvient-il, « sacrait en québécois et parlait aux enfants sans complaisance, d’égal à égal ».

Après cette initiation à la création, le jeune Jasmin n’est déjà plus le même. C’est dit : il sera artiste ou rien. Il est bientôt scénographe-décorateur, métier qui l’amènera à passer par le Quat’sous et lui donnera une profession établie aux émissions jeunesse de Radio-Canada. Comme plusieurs de ces polyvalents pionniers de la société d’État, il collabore de multiples façons à jeter les bases de la télévision québécoise naissante. Entre autres habiletés, il démontre de belles aptitudes de scénariste, ce qui lui ouvre une première porte vers les métiers de l’écrit.

En 1958, Claude Jasmin ose un premier roman, Et puis tout est silence, qui est rapidement suivi de deux autres, La corde au cou, puis Ethel et le terroriste. Un auteur prolifique est né.

En 1965 survient le choc que provoque Pleure pas Germaine, livre événement précurseur d’une nouvelle littérature québécoise. L’ouvrage est écrit entièrement en joual, pour l’authenticité, mais aussi comme pied de nez aux tenants du « bien perler », qu’il associe à une culture mal assurée.

Avec Pleure pas Germaine, Claude Jasmin gagne la consécration. Et il ne laissera pas passer sa chance de devenir écrivain. Depuis, il n’a jamais cessé d’écrire, tissant sans relâche une œuvre dense, forte et prolifique.

Le nombre des livres de Jasmin dépasse aujourd’hui la cinquantaine, auxquels il faut ajouter ses multiples collaborations journalistiques, médiatiques, dramaturgiques, cinématographiques. Véritable homme-orchestre de sa profession, Claude Jasmin a donné avec une égale maîtrise dans l’essai, le journalisme, la critique et la scénarisation.

Ne dédaignant pas la polémique, il se frotte volontiers au commentaire politique, plaidant passionnément pour ce Québec qu’il chérit par-dessus tout. C’est toutefois du côté de la fiction qu’il déploie toutes les nuances de son immense talent. On a parlé d’un style télévisuel pour qualifier sa facture inimitable. C’est évidemment un euphémisme, et, de toute façon, Jasmin ne saurait se résumer à une formule. Ses contes et ses romans sont colorés et criants de vérité. Ses personnages, tantôt livrés aux tourments du désir et du destin, tantôt dépeints avec sarcasme, tantôt imprégnés de romantisme, témoignent d’une plume généreuse et lumineuse, unique dans notre littérature. L’auteur, lui, reste campé dans la position de l’homme de lettres sans compromis, tel qu’il a toujours été, toujours vivant, toujours debout.

Information complémentaire

Membres du jury :
Pierre Nepveu
Véronique Cyr
Marie-Sissi Labrèche
Andrée A. Michaud, présidente
Joël Des Rosiers

Crédit photo :
  • Éric Labonté
Texte :
  • MCC