Réjean Hébert, lauréate

Biographie

La carrière de Réjean Hébert est portée par un idéal : améliorer la qualité de vie des personnes âgées.

C’est en assistant à un séminaire sur la gériatrie, lors de sa troisième année d’études en médecine, qu’il a su qu’il se dirigerait vers la recherche sur le vieillissement. Cette condition humaine l’avait toujours intrigué. « Pourtant, je n’ai pas connu mes grands-parents », observe-t-il.

Issu d’une famille modeste, le jeune homme décide d’aller étudier un an à Grenoble, l’un des endroits les plus réputés d’Europe pour la recherche en gérontologie sociale. C’est cette aventure européenne qui donnera l’élan à une brillante carrière universitaire.

Pendant 30 ans, Réjean Hébert est professeur au Département de médecine de famille de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, où il occupe ensuite le poste de doyen. En 1988, il fonde le Centre de recherche sur le vieillissement de l’Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke, qu’il dirigera jusqu’en 2001.

Grâce au dynamisme et à la détermination de Réjean Hébert, ce centre jouit aujourd’hui d’une enviable réputation nationale et internationale. Avec 49 professeurs-chercheurs rattachés à sept facultés, une centaine de professionnels de recherche et plus de 150 étudiants, c’est le centre le plus important dans le genre au Canada et l’un des rares au monde à réunir sous un même toit des chercheurs se consacrant à différents aspects du vieillissement.

Réjean Hébert rappelle que la recherche sur le vieillissement s’avère une science somme toute nouvelle. « C’est au 20e siècle seulement que l’on a pu voir une explosion de l’espérance de vie, précise-t-il. Ce phénomène nouveau pour l’humanité est passionnant à étudier. » L’approche interdisciplinaire et pluriméthodologique qu’il a mise de l’avant le place à l’avant-garde mondiale de la recherche sur le maintien de l’autonomie des personnes âgées.

Ses travaux ont contribué à l’amélioration de la qualité des programmes de santé pour les aînés en perte d’autonomie ainsi que des services offerts à ceux-ci et aux proches aidants de patients atteints de troubles cognitifs.

Il a entre autres mis au point le Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle, le SMAF, un outil d’évaluation clinique et de gestion des services de longue durée pour les personnes âgées en perte d’autonomie vivant à domicile ou en hébergement. Cette échelle de mesure des incapacités et handicaps des personnes est notamment utilisée en France, en Belgique, en Australie et au Brésil. Au Québec, elle est employée dans tous les services communautaires et institutionnels pour la prescription de services.

Réjean Hébert a aussi coécrit le Précis pratique de gériatrie, dont la troisième édition a paru en 2007. Il a fondé et dirigé jusqu’en 2000 le Réseau de recherche en gérontogériatrie, devenu le Réseau québécois de recherche sur le vieillissement.

Sur le plan de l’enseignement et de la formation de la relève scientifique, il a fait partie des fondateurs du premier programme de maîtrise en gérontologie du Canada et a participé au développement du programme de doctorat en gérontologie de l’Université de Sherbrooke, également le premier au pays.

Ce bâtisseur a aussi été le premier directeur scientifique de l’Institut du vieillissement, qui fait partie des Instituts de recherche en santé du Canada. Encore aujourd’hui, cet institut mène une vaste étude longitudinale que le Dr Hébert a contribué à instaurer et qui réunit 50 000 personnes de plus de 45 ans.

« Le plus important, pour moi, c’est d’assurer la pérennité, dit-il. Au-delà du fait que je les ai créés, ces outils et ces infrastructures sont pérennes, et c’est sans doute ce qui me rend le plus fier. »

Membre fondateur de l’Académie canadienne des sciences de la santé, il a été conseiller scientifique à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie en 2010-2011, à Paris, puis médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Les contributions scientifiques de M. Hébert lui ont valu plusieurs prix et reconnaissances, dont le prix Dufresne-Quintin, pour sa contribution remarquable au mieux-être des personnes âgées (2006), le Prix pour contribution à la gérontologie de l’Association canadienne de gérontologie, en reconnaissance d’un apport exceptionnel à la science du vieillissement (2006), et le Prix du chercheur émérite du Réseau de recherche en santé des populations du Québec (2008).

Aujourd’hui doyen de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, cet homme d’action s’intéresse aux politiques publiques, à l’organisation des services de santé dans le contexte des maladies chroniques, de même qu’à l’engagement du patient.

Durant toute sa carrière, Réjean Hébert a eu le souci de transposer les résultats de recherche et les connaissances scientifiques dans de nouveaux services ou de nouvelles politiques visant à améliorer la vie des gens.

Le prix Armand-Frappier vient souligner la contribution exceptionnelle de Réjean Hébert à la création et au développement d’instituts de recherche. Il récompense aussi ses habiletés d’administrateur et de promoteur de la science.

Information complémentaire

Membres du jury
Jérôme Claverie (président)
France Légaré (absente de la plénière)
Louis Demers
Marcel A. Behr

Crédit photo :
  • Éric Labonté