Pierre Morency, lauréate

Naissance le 8 mai 1942 à Lauzon, décès le à 

Biographie

Qui a lu La Vie entière (1996) de Pierre Morency se voit en quelque
sorte prémuni et accepte comme une grâce de marcher en compagnie
du poète en ces lieux familiers qui nourrissent son « attention
créative ». Ses rêveries et ses contemplations s’accommodent
autant de la ville que de la nature.

C’est la nécessité de gagner sa vie qui a amené Pierre
Morency à la radio où il est d’abord entré par la porte
de l’humour. Il a été scripteur puis chroniqueur pendant une dizaine
d’années à la radio de Radio-Canada à Québec, avant
d’entreprendre sur la chaîne culturelle ses grandes séries sur
les aliments, la flore et les oiseaux, séries qui ont façonné
le poète qu’il est devenu aujourd’hui.

Pierre Morency a toujours considéré son travail radiophonique
comme un aspect de son métier d’écrivain. Ainsi naîtra,
à la suite d’un vaste travail de réécriture de ses séries
radiophoniques afin de leur donner leur plein envol poétique, un premier
volume des Histoires naturelles du Nouveau Monde, L’Œil américain
(1989). Morency tend dans ces ouvrages à une « poésie objective
 », selon l’expression du poète Arthur Rimbaud. Une poésie
qui consiste à faire parler ce qui nous entoure. Quel est le sens de
la présence d’un arbre pour l’être humain, du monde des oiseaux
? Qu’a à nous dire une ville à travers ses rues et les diverses
saisons qui l’habillent, ses places et ses parcs ? Comment nous touche tout
ce qui nous entoure et que la vie de tous les jours nous fait ignorer ? Là
se trouve la fibre essentielle de la poésie qui est faite, selon Pierre
Morency, de cette présence à la vie sous toutes ses formes, quels
que soient le lieu et l’heure. Le poète est un capteur dont la mission
est d’éclairer les parts d’ombre, le noir qui se trouve au fond des réalités,
derrière les apparences, dans l’univers incroyable de chaque être
humain et dans la nature.

On l’aura compris : Pierre Morency n’est pas un poète naturaliste. Bien
sûr, ses livres constituent de grandes plages où la nature s’impose,
une nature partagée. C’est en ce sens que l’on peut dire que son œuvre
s’offre comme une tentative de médiation ou de réconciliation
entre la nature et la culture. Elle veut être le témoin d’une part
dépréciée de notre culture. Et c’est ce qui fait dire au
poète que, si la nature doit être sauvée, elle le sera par
la culture.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
7 novembre 2000

Membres du jury :
Élise Turcotte (présidente)
Marie-Andrée Beaudet
Charlotte Guérette
Daniel Poliquin
Crédit photo :
  • Yves Provencher
Texte :
  • Gaëtan Lemay et Claude Janelle