Samuel O. Freedman, lauréate

Immunologiste

Naissance le 8 mai 1928 à Montréal, décès le à 

Son nom figure dans tous les dictionnaires médicaux et manuels de pathologie médicale. En effet, associé à Phil Gold, Samuel O. Freedman découvre, en 1965, un antigène dont la détection en plus ou moins grande quantité dans le sérum sanguin témoigne de la présence et de l'état de développement d'une tumeur cancéreuse dans les voies digestives, en particulier dans le gros intestin. L'antigène de Gold et Freedman, connu aussi sous le nom d'« antigène carcino-embryonnaire (CEA) », constitue un outil de diagnostic et de pronostic dont l'usage est maintenant universel.

Biographie

McGill un jour, McGill toujours!

À l’exception d’un court stage de perfectionnement au Roosevelt Hospital Institute of Allergy de New York et d’un séjour de quelques mois à Londres pour isoler plus rapidement l’antigène carcino-embryonnaire, la formation et la carrière du docteur Freedman se déroulent entièrement à l’Université McGill. Il y est étudiant, puis professeur à partir de 1963. Ce médecin spécialiste de l’immunologie clinique consacre ses premiers travaux (1960) à l’étude d’allergies communes, soit l’asthme et le rhume des foins. Au fil des années, il prend part aux activités des divers comités de gestion de la Faculté. C’est ainsi qu’il fait ses classes de gestionnaire. Au début de 1977, il est nommé doyen de la Faculté de médecine. Il fixe les standards d’excellence, et très vite la Faculté se classe parmi les dix meilleures au monde! Une telle habileté ne passe pas inaperçue. Il lui est donc impossible de refuser le poste de vice-principal aux affaires académiques que lui impose presque, en 1981, le principal de McGill. Au cours de cette période, Samuel O. Freedman participe activement aux décisions de gestion des grands centres de recherche médicale dont il est membre du conseil d’administration, notamment les instituts de recherche de l’Hôpital général juif de Montréal, de l’Hôpital Royal Victoria et de l’Hôpital pour enfants de Montréal. Il est également membre du conseil d’administration du Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ). Il profite de sa position privilégiée pour mesurer à quel point le développement de ces instituts dépend du potentiel de leur personnel scientifique. Cela l’amène à raffiner les modes d’évaluation qui permettent de débusquer les meilleurs talents, dont l’épanouissement constitue la raison d’être de ces établissements.

Un nouveau défi

Samuel O. Freedman aurait alors pu terminer sa carrière comme professeur. Cependant, le défi qui l’attend en 1991 est trop magnifique pour qu’il passe la main : redresser la situation difficile qui menace de disparition l’Institut Lady Davis de recherches médicales de l’Hôpital général juif de Montréal. Au moment de sa nomination, l’Institut se présente comme un établissement à deux modestes étages, où survivent tant bien que mal une vingtaine de chercheurs. Avant d’accepter la direction de l’Institut, Samuel O. Freedman exige que les administrateurs de la Fondation de l’Hôpital consentent un prêt de 11 millions de dollars. Avec cette somme, il fait construire quatre nouveaux étages afin d’accueillir plus de chercheurs, qu’il dote d’équipements modernes. Au préalable, il concentre les travaux autour de sept axes de recherche : sida et maladies infectieuses, vieillissement, oncologie moléculaire, pharmacologie périnatale, médecine expérimentale, épidémiologie et santé publique. Ces thèmes sont conçus pour s’intégrer aux spécialités des grands services cliniques de l’Hôpital et s’appliquer, le cas échéant, sur le plan commercial. Pour diriger chacun des axes retenus, le docteur Freedman place une personnalité scientifique de premier plan. Ces leaders n’hésitent pas à confier des travaux à la fine pointe des connaissances à des collègues qui ont moins de 30 ans. Les résultats ne se sont pas fait attendre.

Les découvertes et les innovations sont diffusées dans les revues les plus connues de la communauté scientifique internationale. Les comités de pairs des organismes de subvention du Québec, du Canada et des États-Unis multiplient les recommandations en faveur de l’Institut Lady Davis pour qu’il obtienne du soutien financier. Les sommes reçues seront parmi les plus élevées. En quelques années, l’Institut est devenu l’un des fleurons de la recherche médicale au Québec, au même titre que le Centre de recherche hospitalo-universitaire de l’Université Laval, l’Institut de recherche de l’Hôpital Royal Victoria ou l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). Il abrite aujourd’hui près d’une centaine de chercheurs, à qui se sont joints quelque 150 étudiants diplômés et attachés de recherche postdoctorale : une vraie ruche! Samuel O. Freedman envisage donc sereinement d’agrandir encore l’Institut Lady Davis de recherches médicales de l’Hôpital général juif de Montréal.

Malgré les tournants de sa carrière, les nombreuses distinctions et les titres honorifiques qu’il a accumulés tout au long de sa vie, Samuel O. Freedman n’a jamais perdu de vue l’essence de la recherche médicale, soit soulager les patients. N’est-il pas symptomatique en effet de constater que l’un de ses plus récents articles scientifiques (1997) porte sur les soins d’urgence à appliquer pour traiter efficacement le rhume des foins?

Depuis la remise du prix Armand-Frappier en 1998, Samuel O. Freedman a quitté son poste de directeur de l’Institut Lady Davis. Nommé professeur émérite de l’Université McGill (2000), il agit aujourd’hui comme conseiller principal de l’Institut de recherches médicales.

Résumé de la carrière de Samuel O. Freedman

1958
Diplôme de médecine interne de l'Université McGill

1965
Découverte de l'antigène carcino-embryonnaire (CEA)

1977-1981
Doyen de la Faculté de médecine de l'Université McGill

1986
Officier de l'Ordre du Canada

1991-2000
Directeur de l'Institut Lady Davis de recherches médicales de l'Hôpital général juif de Montréal

1992
Doctorat honorifique honoris causa en sciences de l'Université McGill

1992
Lauréat de l'American College of Physicians

1998
Prix Armand-Frappier

2000
Professeur émérite de l'Université McGill

2000
Conseiller principal de l'Institut de recherches médicales de Montréal

Information complémentaire

Date de remise du prix :
5 décembre 1998

Membres du jury :
René Tinawi (président)
Gilles Beaudry
Michel Duval
Christiane Quérido
Bernard Robaire

Crédit photo :
  • Marc-André Grenier
Texte :
  • Bernard Lévy
Mise à jour :
  • Nathalie Kinnard