Ulysse Comtois, lauréate

Naissance le 2 mars 1931 à Granby, décès le 10 juillet 1999 à Montréal

Biographie

Pour sa deuxième édition, le prix Paul-Émile-Borduas se
paye une cure de jouvence en couronnant l’inclassable Ulysse Comtois qui, avec
tous ses aller-retour stylistiques, n’en fit toujours qu’à sa tête,
avec le sérieux d’un chercheur scientifique : « Ce qui m’intéresse
le plus, c’est la méthodologie des langages artistiques. L’art est aussi
une science humaine… Il n’est rien qui soit définitivement acquis
ou arrêté, il y a toujours place pour revoir, reprendre et même
corriger. Je travaille en spirale : quand une question me semble épuisée,
je la mets sur la tablette, je passe à un autre mode ; puis, plus tard,
si j’y vois autrement, j’y reviens. »

Comme beaucoup de créateurs fringants de son époque, Ulysse Comtois
ne fait que passer par l’École des beaux-arts à laquelle il préfère
la fréquentation des automatistes. Il sera d’ailleurs invité à
participer aux deux dernières manifestations significatives du groupe
: La Matière chante, en 1954, et Espace 55, l’année
suivante. Il est attiré dans l’orbite des amis de Borduas, d’une part,
par les aspects socialement émancipateurs de leur esthétique et,
d’autre part, par leur désir de comprendre, dans la foulée du
meilleur surréalisme, le fonctionnement des comportements humains, et
notamment du continent mystérieux, et à peu près inexploré,
que constitue le cerveau.

Dans l’histoire de nos arts visuels, Ulysse Comtois s’inscrit comme un artiste
résolument hybride, et bien malin qui pourrait dire si le jury a été
plus sensible à ses sculptures qu’à ses tableaux. Chose certaine,
il aura été un des représentants les plus stimulants de
ce qu’on a appelé le « post-automatisme », tandis
que sa carrière a connu une sorte de période magique en 1968,
au moment où il a représenté le Canada à la XXXIVe
Biennale de Venise. Il y proposait ses fameuses « colonnes »
d’aluminium articulées (dans tous les sens du mot !), qui prenaient magnifiquement
en compte toutes ses réflexions sur les relations entre le dynamisme
et le statisme, l’ordre et le désordre, la liberté et les contraintes,
la beauté et la « laideur », dans un étourdissant
dialogue entre l’œuvre et le spectateur qui pouvait la recréer constamment…
au gré de ses propres automatismes.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
4 octobre 1978

Membres du jury :
Laurent Lamy (président)
Guy Montpetit
Chantal Pontbriand
Jean-Marie Roy

Crédit photo :
  • Éditeur officiel du Québec
Texte :
  • Gilles Daigneault