Gilles Carle, lauréate

Naissance le 31 juillet 1928 à Maniwaki, décès le 28 novembre 2009 à 

Biographie

La Vie heureuse de Leopold Z. (1965) et les longs métrages
qui vont suivre permettent à Gilles Carle d’introduire une nouvelle dimension
dans le cinéma québécois : celle du conte, de la fantaisie,
de la fable sociale amusée.

Contrairement à la majorité des cinéastes québécois
de sa génération, Carle n’est pas allé à l’école
du cinéma direct. Véritable touche-à-tout, il se destine
plutôt à une carrière en arts visuels, participe à
la fondation des Éditions de L’Hexagone avec Miron et d’autres écrivains,
puis signe quelques brefs documentaires aux accents très personnels (Dimanche
d’Amérique
, 1961 ; Percé on the Rocks, 1964). Le ton
est donné, la carrière de Carle ira dans tous les sens, de la
fiction au documentaire, de la publicité à la grande série
historique (Épopée en Amérique, 1997-1998), du film
érotique intimiste (L’Ange et la Femme, 1977) à la superproduction
(Les Plouffe, 1981).

Mais derrière cet éclectisme, toujours la même verve, l’effronterie,
la truculence et l’amour des femmes. Dans ses meilleurs films, Carle pose un
regard tendre et amusé sur la société pour traiter de l’opposition
nature/culture. Ce sont Les Mâles (1970) puis La Vraie Nature
de Bernadette
(1972), dans lesquels l’utopie d’un retour à la terre
se butte aux désirs primaires des individus. À ces longs métrages
s’ajoutent Le Viol d’une jeune fille douce (1968), Red (1969),
La Mort d’un bûcheron (1973) et La Tête de Normande Saint-Onge
(1975), quatre films dans lesquels le cinéaste aborde les questions de
l’aliénation et de l’exploitation à travers des personnages en
quête d’une structure familiale. Car la famille est au centre des préoccupations
de Carle, ce qui explique probablement qu’il ait été si à
l’aise au moment de mettre en scène la fresque des Plouffe.

Unique, l’œuvre de Gilles Carle a été longtemps la seule,
au Québec, à réconcilier le public et la critique, à
obtenir à la fois une reconnaissance locale et internationale. C’est
sans doute qu’elle aborde avec sincérité la réalité
québécoise, mais à travers un rapport à la fois
simple et personnel aux genres et à l’écriture cinématographique.
Carle ne pose pas la question du cinéma d’auteur en l’opposant au cinéma
populaire ; il intègre plutôt la singularité de son regard
à une volonté manifeste d’être entendu. Ainsi, rien d’étonnant
à ce qu’il ait été le premier à découvrir
André Forcier, car comme lui son œuvre s’appuie sur des fondements
réalistes pour déboucher sur l’imaginaire.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
30 octobre 1990

Membres du jury :
Robert Favreau (président)
Robert Daudelin
Roger Frappier
Luce Guilbeault

Crédit photo :
  • Ronald Maisonneuve
Texte :
  • Marcel Jean