Carmen Gill-Casavant, lauréate

Naissance le 29 décembre 1926 à Mashteuiatsh, décès le 26 août 2018 à Mashteuiatsh

Biographie

Dixième d’une famille de onze enfants, Carmen Gill-Casavant a passé
la majeure partie de sa vie à Mashteuiatsh (Pointe-Bleue), une réserve
en bordure du lac Saint-Jean. La communauté qui l’a vue grandir se composait
de Montagnais, nomades pour la plupart qui, de saison en saison, arpentaient
la forêt. Entre ces périples, plusieurs rendaient visite à
la famille Gill, sédentaire, pour lui raconter leur épopée.
Dans cette demeure, une petite fille silencieuse et discrète boit avidement
les paroles des voyageurs. Elle deviendra la gardienne de cette mémoire.

Déjà, à l’adolescence, la jeune fille est sensible à
la manière dont les aînés utilisent les ressources de la
nature pour fabriquer les objets usuels. Puis, plus tard, quand elle se rend
compte qu’ils échangent ces trésors pour quelques dollars aux
touristes en mal d’exotisme, c’est une blessure qu’elle ressent au fond d’elle-même.
C’est alors que germe lentement l’idée d’un musée. Avant que le
projet voie le jour cependant, Carmen Gill deviendra madame Gill-Casavant, séjournera
aux États-Unis et donnera naissance à trois enfants. Puis, elle
revient chez elle, à Mashteuiatsh, et entreprend ce qui va devenir l’œuvre
de sa vie.

Son rêve se concrétise en 1977 : le musée amérindien
de Pointe-Bleue lève le voile sur la culture de son peuple. Carmen Gill-Casavant
lui a donné une âme, un cœur, une chaleur, une personnalité
que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. À plusieurs égards,
c’est la notion de muséologie elle-même qu’elle modifie en imposant,
avec tact et détermination, sa vision du patrimoine et de son rôle
dans le développement culturel du Québec.

Pour Carmen Gill-Casavant, le patrimoine ce n’est pas uniquement des objets
exposés en vitrine. C’est une matière qui bat. Et ici, ce sont
principalement les aînés les véritables détenteurs
d’un immense patrimoine vivant et les éducateurs des générations
montantes qui sont les monuments. « Les Amérindiens ont une culture
très profonde. Ils s’expriment à leur manière. Vous savez,
on n’a pas toujours à portée de la main un pinceau ou une toile
; chez nous, ce sont les pierres, l’écorce, le bois qui servent de médium
 », fait-elle remarquer.

Si, aujourd’hui, les Amérindiens occupent une place importante dans
la muséologie, si les musées se préoccupent de plus en
plus de leur patrimoine, c’est grâce au travail exceptionnel de Carmen
Gill-Casavant. Elle a été à plusieurs égards une
visionnaire et son engagement aura contribué à stimuler le développement
culturel des peuples autochtones.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
28 décembre 1993

Membres du jury :
Louise Brunelle-Lavoie (présidente)
Carmelle Bégin
Dinu Bumbaru
Laurier Lacroix
Johanne Robertson
Crédit photo :
  • François Brunelle
Texte :
  • Yolande Côté et Claude Janelle