Clarke F. Fraser, lauréate

Spécialiste en génétique médicale

Naissance le 29 mars 1920 à Norwich Connecticut, États-Unis d'Amérique, décès le 17 décembre 2014 à Digby, Nouvelle-Écosse

Biographie

Clarke Fraser est considéré à l’unanimité comme
l’un des plus illustres spécialistes canadiens de la génétique
humaine et médicale. À la fois docteur en génétique
et en médecine, il est, sans contredit, l’un des fondateurs de la génétique
clinique actuelle et le premier à introduire la génétique
médicale en milieu hospitalier.

La médecine et la génétique

Né au Connecticut, aux États-Unis, le jeune Fraser devient citoyen
canadien et commence ses études de médecine à l’Université
d’Acadia, en Nouvelle-Écosse : « Je voulais être un médecin
à l’image de mon oncle qui parcourait la campagne dans une calèche
tirée par des chevaux. » Cependant, dès le premier cours
de biologie, il tombe amoureux de la génétique « qui combine
rigueur mathématique et beauté biologique ». Titulaire d’un
doctorat en génétique de l’Université McGill, le nouveau
généticien s’engage durant trois années dans la Royal Canadian
Air Force pour servir son pays. Toujours habité par le souvenir de son
oncle, il retourne en classe et obtient un doctorat en médecine.

En 1950, le docteur Fraser commence ses activités d’enseignement de
la génétique à l’Université McGill. Parallèlement,
ses travaux publiés dans la revue Nature et reposant sur un modèle
de fente palatine chez une souris consanguine tracent la voie à une méthode
expérimentale, utilisée depuis dans la plupart des laboratoires
où l’on étudie la pathogenèse des malformations congénitales.
Spécialiste de l’influence de l’hérédité sur la
santé au Québec, Clarke Fraser possède des connaissances
en la matière qui rejaillissent sur le monde entier. Il est en effet
à l’origine de la définition la plus universellement reconnue
du conseil génétique, soit l’« étalon-or »
de la génétique médicale qui a été adapté
aux soins de santé.

Grâce à ses travaux dans le domaine de la tératologie,
discipline analysant les aberrations des programmes de développement
qui aboutissent aux malformations, Clarke Fraser explique les mécanismes
responsables des malformations congénitales en mettant en évidence
leur nature multifactorielle. Confirmant au cours de ses recherches que la malformation
est non seulement un phénomène d’ordre biologique, mais qu’elle
répond aussi à une agression toxique externe, il développe
la notion de seuil multifactoriel qui lui vaut la reconnaissance de ses pairs
à l’échelle internationale et qui sera couronnée par la
remise, en 1979, du prestigieux prix Allan de l’American Society of Human Genetics.

En avance sur son temps, Clarke Fraser affirme dès ses débuts
que la « génétique médicale doit se pratiquer dans
un hôpital, et non dans une université ». Il fonde donc,
en 1950, la première clinique canadienne de génétique médicale
au Montreal Children’s Hospital afin d’avoir des contacts directs avec les personnes
affectées de malformations congénitales et leurs parents. De cette
manière, il contribue à humaniser les soins de santé donnés
aux patients en leur prodiguant des conseils pour traverser cette épreuve
et prévenir toute récidive. Cette proximité avec le monde
des enfants l’amène également à travailler comme professeur
de pédiatrie à l’Université McGill de 1970 à 1982
et à la Memorial University of Newfoundland de 1982 à 1985. Son
expertise le place, de 1990 à 1992, à la tête du Groupe
de travail sur la génétique de la Commission royale sur les nouvelles
technologies de reproduction. Enfin, il sert à plusieurs reprises de
phare au ministère canadien de la Santé et du Bien-être
social, dans des comités analysant les mutations génétiques
de produits chimiques, telle la dioxine.

Au-delà des frontières

La compétence de Clarke Fraser est appréciée bien au-delà
des frontières canadiennes et profite à diverses régions
et populations de la planète. De 1963 à 1982, le scientifique
joue un rôle d’expert-conseil au Comité de génétique
humaine de l’Organisation mondiale de la santé. Il siège aussi
au bureau-conseil du Centre de services d’information sur les anomalies de naissance,
au WHO Optimal Family Planning Program, à Budapest, en Hongrie, ainsi
qu’à deux importants comités rattachés à la Conférence
internationale de génétique humaine et au Conseil canadien de
recherche médicale.

Clarke Fraser est également l’un des fondateurs du Collège canadien
des généticiens médicaux, un organisme des plus influents
quant à la formation des étudiants dans ce domaine, qu’il dirige
de 1975 à 1983. En outre, il préside la Conférence internationale
sur les anomalies de naissance et participe à la création du Réseau
de génétique humaine du Québec, qui sera, pendant 25 années,
l’un des fleurons mondiaux de la génétique appliquée aux
besoins de la communauté.

Auteur prolifique, qui totalise 291 publications à son actif, Clarke
Fraser compte aussi trois ouvrages qui ont fait leur marque : The Handbook
of Teratology
, véritable bible dans le domaine, tout comme Genetics
of Man
et Medical Genetics : Principles and Practice, utilisés
à l’échelle mondiale pour l’enseignement de la génétique
médicale. Par ailleurs, il participe aux comités éditoriaux
des principales revues de sa discipline, telles l’American Journal of Medical
Genetics, Genetic Counselling
et Human Heredity. En 1999, il est
désigné comme rédacteur en chef adjoint du McKusick’s
Catalog of Mendelian Inheritance in Man : A Human Genes and Genetic Disorders
,
revue imprimée et électronique qui constitue l’une des bases de
données génétiques les plus visitées au monde.

Il n’existe pratiquement aucun spécialiste reconnu de la génétique
médicale au Canada qui n’ait subi l’ascendance des écrits et des
enseignements du docteur Fraser. À l’heure actuelle, quinze universités
d’Amérique du Nord donnent des programmes de deuxième et de troisième
cycle en conseil génétique, devenu une ressource indispensable
dans cette discipline grâce aux découvertes du lauréat.
La carrière de Clarke Fraser sera soulignée par le Prix d’excellence
de la Société de génétique du Canada en 1980, le
titre d’officier de l’Ordre du Canada en 1985 et le titre de professeur émérite
des départements de génétique humaine, biologie et pédiatrie
de l’Université McGill en 1985. Le 1er août 1999, Clarke Fraser
prend sa retraite pour se consacrer, entre autres, à l’écriture
d’un ouvrage sur la génétique humaine destiné aux profanes,
dans le confort de sa maison familiale en Nouvelle-Écosse.

Résumé de la carrière de Clarke F. Fraser

1945
Doctorat en génétique de l'Université McGill

1950
Doctorat en médecine de l'Université McGill

1950
Fondateur de la première clinique canadienne de génétique médicale au Montreal Children's Hospital

1975-1983
Directeur du Collège canadien des généticiens médicaux

1979
Prix Allan de l'American Society of Human Genetics

1980
Prix d'excellence de la Société de génétique du Canada

1985
Officier de l'Ordre du Canada

1985
Professeur émérite de l'Université McGill

1990-1992
Président du Groupe de travail sur la génétique de la Commission royale sur les nouvelles technologies de reproduction

1999
Prix Wilder-Penfield

Information complémentaire

Date de remise du prix :
23 novembre 1999

Membres du jury :
Andrée Roberge (présidente)
Alain Fournier
Jules Fouché
Vincent Giguère
Gilles Dupuis
Crédit photo :
  • Louis-Michel Major
Texte :
  • Sylvie Dugas et Brigitte Van Coillie-Tremblay
Mise à jour :
  • Nathalie Kinnard