Françoise Sullivan, lauréate

Naissance le 10 juin 1923 à Montréal, décès le à 

Biographie

En couronnant Françoise Sullivan, le jury du prix Paul-Émile-Borduas fait coup double : d’une part, il reconnaît (enfin !) toute l’importance historique d’une œuvre résolument protéiforme, commencée en… 1943, et, d’autre part, il récompense une représentante à part entière de l’art le plus actuel.

Faut-il rappeler que Françoise Sullivan fut une signataire du Refus global et qu’elle a publié, dans le recueil qui contenait le manifeste « incendiaire », une conférence intitulée La Danse et l’Espoir. En fait, le nom de la lauréate est d’abord associé au monde de la danse : très jeune, elle s’inscrit à des cours de danse classique, qu’elle suit pendant une douzaine d’années; au milieu des années quarante, elle fait deux séjours à New York et étudie la danse au studio de Franzisca Boas, tout en fréquentant d’autres grandes écoles, celles de Martha Graham et d’Hanya Holmes, entre autres ; à son retour, elle dirige le Groupe de danse moderne de Montréal et, par la suite, réalise de nombreuses chorégraphies jusqu’en 1987.

Dans le domaine des arts visuels, elle sera d’abord – et ce, par ses propres moyens – une de nos meilleures sculpteures abstraites ; elle travaillera ensuite – successivement ou simultanément – le dessin, la photographie, les assemblages, les performances, les installations (avant la lettre !) et, bien sûr, encore la sculpture. À partir de 1970, elle fera de fréquents voyages en Europe, surtout en Italie et en Grèce, et ses œuvres prendront alors des allures plus conceptuelles. Elle donnera d’ailleurs à l’Université du Québec à Montréal, au milieu des années soixante-dix, une conférence sur l’art conceptuel dont elle demeure une pionnière au Québec.

En 1981, le Musée d’art contemporain consacre une grande rétrospective à cette œuvre complexe et généreuse qui se termine sur les fameux Tondos qui marquent le retour de l’artiste à la peinture. À ce moment-là, personne ne peut prévoir que cette fin de parcours n’est que le début d’un nouveau cycle qui va durer une vingtaine d’années et qui va reprendre en raccourci, sur le mode strictement pictural, la plupart des thèmes qui ont occupé Françoise Sullivan depuis sa première rencontre avec Borduas. Et ce, en les approfondissant et en en réconciliant les ruptures, avec une sagesse nouvelle mais toujours tributaire des plus belles utopies automatistes.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
9 novembre 1987

Membres du jury :
Gilles Daigneault (président)
Madeleine Dansereau
Charles Daudelin
Evans Saint-Gelais

Crédit photo :
  • Bernard Vallée
Texte :
  • Gilles Daigneault