Rémi Quirion, lauréate

Spécialiste en neurosciences

Naissance le 9 janvier 1955 à Lac-Drolet, décès le à 

Entrevue

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Biographie

Nul doute qu’un cerveau exceptionnellement brillant se cache derrière
le regard taquin du docteur Rémi Quirion. Spécialiste à la
fois de la maladie d’Alzheimer, de la douleur, de la schizophrénie
et des neuropeptides, il est l’auteur de plus de 500 publications scientifiques
et de 5 ouvrages. À 49 ans seulement, il figure déjà parmi
les chercheurs en neurosciences les plus cités au monde. Professeur
au Département de psychiatrie de l’Université McGill, membre
associé du Département de pharmacologie et du Département
de neurologie et de neurochirurgie, professeur associé au Centre d’études
sur le vieillissement, directeur scientifique du Centre de recherche de l’Hôpital
Douglas, directeur fondateur du Réseau en santé mentale du Québec
et premier directeur scientifique de l’Institut canadien des neurosciences,
de la santé mentale et des toxicomanies, le chercheur se double d’un
organisateur hors pair qui, tout en assumant ses multiples responsabilités,
sait mobiliser les énergies pour faire reculer la maladie mentale.

Le docteur Rémi Quirion fait cependant preuve d’une grande humilité.
Pour expliquer sa réussite, il invoque avant tout la grande capacité de
travail que lui a inculquée son père. À 7 ans, il met
déjà la main à la pâte dans le restaurant familial
du petit village de Lac-Drolet, entre Beauce et Estrie, aux côtés
de ses huit frères et sœurs. Il y travaillera jusqu’à l’obtention
de son baccalauréat. À l’école, il excelle et arrive
au collégial avec deux années d’avance. Il est le seul
enfant de la famille à entrer à l’université. Optimiste
né, Rémi Quirion fait confiance au hasard pour choisir son domaine
d’étude. Il obtient à l’Université de Sherbrooke
son baccalauréat en biologie en 1976, puis il termine en un an ses études
de deuxième cycle en pharmacologie. À 25 ans, il est titulaire
d’un doctorat. Par la suite, il est accueilli à l’Institut
national de santé mentale de Bethesda, au Maryland, pour trois ans d’études
postdoctorales. Rémi Quirion découvre alors un autre visage de
la recherche, où les équipes se livrent une bataille sans merci à grand
renfort de publications. Sur un coin de paillasse, il travaille comme un fou,
aux côtés de sa conjointe Pierrette, neuroendocrinologue, qui
termine ses études menant à l’obtention d’un doctorat.
L’expérience s’avère très enrichissante. Le
couple pense s’installer à Washington lorsque l’Hôpital
Douglas de Montréal offre à Rémi Quirion de prendre la
direction de ses laboratoires et de construire de toutes pièces un centre
de recherche en neurosciences et en santé mentale. À 28 ans,
le jeune chercheur ne peut résister au défi.

Dès lors, Rémi Quirion se dévoue entièrement à sa
mission, avec une fougue et un esprit d’à-propos remarquables,
recrutant des collaborateurs au gré des rencontres et des occasions,
alignant subventions et découvertes à un rythme étourdissant.
Au cours des vingt dernières années, plus de 60 étudiants
diplômés et qui mènent des études postdoctorales
seront formés dans les laboratoires du docteur Quirion qui engagent
aujourd’hui une quinzaine de personnes. Depuis plus de dix ans, cette équipe
s’est acquis une réputation internationale non seulement pour
la qualité de la recherche et l’excellence de la formation, mais
aussi pour l’esprit de franche camaraderie qui règne entre chercheurs
et l’enthousiasme communicatif de son directeur.

C’est au cours de ses études de troisième cycle que Rémi Quirion
commence à se passionner pour le fonctionnement du cerveau.
En choisissant d’étudier simultanément la maladie d’Alzheimer,
la douleur, la schizophrénie et le rôle de certains neuropeptides
dans l’anxiété et la dépression, ce touche-à-tout
a toujours gardé une vision d’ensemble, car il est persuadé que
le brassage d’idées qui en résulte ne peut qu’aboutir à une
meilleure compréhension des choses. Fait exceptionnel, Rémi Quirion
s’est illustré dans ces quatre domaines. Dans la recherche sur
la maladie d’Alzheimer, il est particulièrement reconnu pour avoir établi
des liens entre différents phénotypes retrouvés dans le
cerveau de personnes atteintes. Ses travaux, abondamment cités, mènent à l’élaboration
de nouveaux médicaments. En étudiant par ailleurs le neuropeptide
Y, Rémi Quirion découvre que cette substance connue pour stimuler
l’appétit semble aussi jouer un rôle majeur dans l’anxiété et
la dépression. Ses recherches sur le neuropeptide CGRP, quant à elles,
pourraient conduire à la conception d’analgésiques plus
efficaces, notamment contre les migraines. Depuis dix ans, enfin, le chercheur
tente de comprendre pourquoi la schizophrénie se manifeste souvent au
moment de la puberté, ce qui permettra peut-être de percer enfin
les mystères de cette terrible maladie.

Proche de ses étudiants et collaborateurs avec qui il partage souvent
une véritable complicité, toujours aussi épris de la découverte
et du travail de recherche, Rémi Quirion excelle également dans
son rôle d’administrateur, où il est entièrement
dévoué à la cause de la santé mentale. Il sera éditeur
en chef du Journal of Chemical Neuroanatomy et membre des comités éditoriaux
de dix-huit publications savantes. Le Québec puis le Canada lui confient
la supervision de leurs activités de recherche en santé mentale : de 1994 à 2001, il coordonne ainsi le Réseau de santé mentale
du Fonds de recherche en santé du Québec; depuis décembre
2000, l’Institut canadien des neurosciences, de la santé mentale
et des toxicomanies des Instituts de recherche en santé du Canada.

Rémi Quirion a déjà reçu de nombreuses distinctions,
dont le Prix du jeune chercheur du Club de recherches cliniques du Québec
en 1989, le prix Heinz-Lehmann du Collège canadien de neuropsychopharmacologie
en 1991, le prix Léo-Pariseau de l’Acfas et le prix Galien en 1997. Depuis 2003, il est membre de la Société royale du Canada
et chevalier de l’Ordre national du Québec. Éternel bon vivant,
il trouve encore un peu de temps pour relaxer en famille, voyager, cuisiner
et skier. Passionné d’art, il est membre du conseil d’administration
des Impatients. Cet organisme offre aux personnes atteintes d’une maladie
mentale l’occasion de s’exprimer par les arts. Rémi Quirion
se prend même parfois à rêver d’ouvrir une galerie
d’art brut. Qui sait, peut-être un jour? Cependant, Rémi Quirion ne planifie pas. Il fait plutôt confiance à la vie et à l’avenir.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
9 novembre 2004

Membres du jury :
Joséphine Nalbantoglu (présidente)
Jacques de Champlain
Gaétan Guillemette
Sylvie Marcoux
Donna Mergler

Crédit photo :
  • Denis Chalifour
Texte :
  • Valérie Borde