Jean-Claude Tardif, lauréate

Cardiologue

Naissance le 27 mai 1964 à Montréal, décès le à 

Entrevue

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Biographie

Quand on regarde l’impressionnante liste de découvertes et de réalisations du docteur Jean-Claude Tardif, cardiologue et directeur du Centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal, on ne peut s’empêcher de se demander si on a affaire à un homme ou à un super-héros.

Enfant, celui qui ne se doutait pas encore qu’il deviendrait une sommité internationale dans le domaine de la santé cardiovasculaire est témoin du décès de plusieurs membres de sa famille atteints de maladies cardiaques. Il n’en faut pas plus à cet être doué et déterminé pour qu’un déclic survienne, déclic qui donnera naissance à une passion : la médecine. Pour ce qui est de la suite, vaut mieux être bien assis, car ce qui débuta comme une petite étincelle prit avec le temps des allures de brasier.

Voyage au cœur des artères
Chercheur chevronné, le docteur Tardif est reconnu mondialement pour ses travaux sur l’athérosclérose. Cette maladie inflammatoire de la paroi artérielle, qui est d’ailleurs la plus meurtrière au monde, est responsable de la plupart des maladies cardiovasculaires. Souvent asymptomatique, l’athérosclérose peut en effet faire des ravages en provoquant une mort subite, un infarctus, des crises d’angine ou des accidents vasculaires cérébraux.

Visionnaire, ce diplômé en médecine de l’Université de Montréal, qui a complété sa formation en cardiologie et en recherche à Montréal et à Boston au milieu des années 1990, est le premier à décrire, avec l’imagerie, les effets des thérapies fondées sur le HDL normal (ou « bon cholestérol ») sur la progression de l’athérosclérose chez l’humain. Déjà en 1997, il faisait mention des antioxydants pour traiter le blocage récurrent des artères. « Il y a beaucoup d’avancées dans ce domaine », déclare aujourd’hui avec espoir le brillant médecin, qui n’a pas peur d’explorer plusieurs pistes pour le traitement de la maladie. « Un jour viendra où nous verrons peut-être l’athérosclérose disparaître », ajoute-t-il. Parions que la technique d’imagerie avant-gardiste qu’il a mise au point, appelée ultrasonographie intravasculaire, qui permet de visualiser avec précision la paroi interne des artères, y sera pour quelque chose. Le docteur Tardif est également chef de file dans le domaine des biomarqueurs, de la pharmacogénomique et de la médecine personnalisée, tous des outils qui permettent de soigner les gens plus intelligemment. Par exemple, selon le terrain génétique d’une personne, il serait possible de trouver les bons médicaments ainsi que la bonne dose et le bon moment pour l’administrer. Science-fiction, dites-vous? Pas du tout : c’est le concept derrière la pharmacogénomique, un concept qui permet d’espérer une future médecine adaptée aux besoins de chacun des patients.

Des réalisations d’envergure
Mais ce n’est pas tout. À son bagage très étoffé de médecin, de cardiologue et de chercheur en sciences biomédicales et en recherche clinique s’ajoute celui de fondateur. Bâtisseur infatigable, il se démarque par la mise en place d’une suite impressionnante d’infrastructures de recherche majeures : le réseau pancanadien d’imagerie de l’athérosclérose CAIN (Canadian Atherosclerosis Imaging Network), le Centre de pharmacogénomique Beaulieu-Saucier de l’Université de Montréal, le CMOD (The International Partnership for Critical Markers of Diseases), le Centre d’excellence en médecine personnalisée (CEPMed) et le réseau international GAIN (Global Atherothrombotic Investigative Network).

Grâce à son leadership et à son étonnante ardeur au travail, le docteur Tardif a su mettre en place des organisations qui s’inscrivent dans une stratégie d’ensemble où le bien-être du patient est au centre des préoccupations. Toutefois, sa contribution la plus marquante demeure sans contredit la mise en place du Centre de coordination des essais cliniques de l’Institut de cardiologie de Montréal (MHICC). À la base des autres initiatives organisationnelles, le MHICC est l’organisme pilier de la stratégie instaurée par le docteur Tardif. Il en est le fondateur, le concepteur ainsi que le directeur scientifique, et il y dirige de nombreuses grandes études cliniques internationales. En une décennie, il a hissé cette organisation au rang d’intervenant de classe internationale dans le domaine du développement et de la coordination des grands essais cliniques de pointe. Aujourd’hui, le MHICC compte 200 personnes et un réseau de 2 000 sites cliniques dans plus de 20 pays couvrant l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie. Impressionnant, vous dites?

En 2007, il a également lancé une deuxième grande initiative : la conception et la mise en place d’une biobanque (constituée de matériel biologique et de données) formée à partir d’une cohorte hospitalière de 30 000 patients de l’Institut de cardiologie de Montréal. Il n’existe actuellement aucune autre cohorte hospitalière de cette envergure dans le monde. En plus d’attirer des partenaires industriels majeurs, cet outil unique en son genre permet notamment l’avancement des connaissances portant sur les bases génétiques des maladies cardiovasculaires.

Malgré cette étonnante feuille de route, cet homme d’action fait preuve d’une grande humilité en ne s’attribuant pas tout le mérite de ses réussites. « Je ne suis qu’une personne parmi une équipe de plus de 70 collaborateurs puis de 600 personnes travaillant avec assiduité au centre de recherche de l’Université de Montréal », précise-t-il.

Jusqu’à ce jour, le docteur Tardif a signé ou cosigné plus de 600 articles et abrégés dans de prestigieuses revues scientifiques : New England Journal of Medicine, The Lancet, Journal of the American Medical Association, Journal of the American College of Cardiology, European Heart Journal, British Journal of Pharmacology, Circulation et Nature Genetics. À cela s’ajoutent l’édition de nombreux ouvrages, la rédaction d’au moins 30 chapitres de livres et la tenue de plus de 400 conférences au Canada et à l’étranger.

L’ampleur de sa production scientifique et son engagement de tous les instants lui valent une réputation internationale bien méritée ainsi qu’un nombre important de distinctions. Titulaire de la Chaire Pfizer en athérosclérose de l’Université de Montréal, il a aussi été nommé Fellow de l’Académie canadienne des sciences de la santé. Durant l’année 2008, il s’est vu décerner le Prix d’excellence en recherche de la Société canadienne de cardiologie de même que le titre de Personnalité de l’année du journal La Presse. Puis, en avril 2002, l’édition canadienne de Times le présentait comme l’un des chercheurs les plus prometteurs de sa génération.

Au-delà d’une contribution scientifique remarquable, de percées médicales exceptionnelles et de création d’organisations qui positionnent le Québec à l’avant-scène dans le monde, ce qui motive le docteur Tardif avant tout, c’est de contribuer au mieux-être des patients en faisant des découvertes qui vont changer, voire sauver, leur vie et révolutionner les traitements. « Je pense que grâce aux travaux et aux recherches effectués, nous avons réussi à réduire la mortalité associée aux maladies cardiaques et à leurs complications », ajoute-t-il sans forfanterie.

Le cœur du chercheur
Mordu de recherche et de tout se qui se rapporte au domaine cardiovasculaire, le docteur Tardif avoue ressentir cette même ferveur quand il est question de hockey. Comme bien des Québécois, il est un ardent partisan des Canadiens de Montréal et confie avoir gardé son côté enfantin quand il est question de son équipe. Quant à son autre passion, elle loge au sein du noyau familial, son unité de base. Marié depuis 23 ans à Michèle Giguère et père de deux enfants (Jean-Daniel et Pier-Luc), celui qui travaille sans relâche déclare avoir « la plus belle pensée » pour sa famille, qui a fait beaucoup de sacrifices pour lui permettre de travailler d’arrache-pied et de continuer ses recherches.

Il n’y aucun doute, en 20 ans d’efforts soutenus et de réussites continues, le docteur Tardif a accompli un travail colossal. Quant à savoir si ses prouesses sont dues à des gènes d’humain ou de super-héros, il y a fort à parier que c’est la deuxième option qui l’emporte!

Information complémentaire

Crédit photo :
  • Rémy Boily
Crédit vidéo :

Production : Sylvain Caron Productions Inc
Réalisation :
Sylvain Caron
Coordinatrice de production :
Lynda Malo
Caméra et direction photo :
Jacques Desharnais, Vincent Chimisso
Prise de son :
Luc Gauthier
Maquillage :
Hélène-Manon Poudrette
Montage :
Sylvain Caron, Frédéric Blais-Bélanger
Infographie :Jean-Maxime Couillard
Mixage sonore : Studio SonG
Musique originale : Christine Boillat
Musiciens :
André Bilodeau, Christine Boillat, David Champoux et Daniel Marcoux
Entrevues :
Christian St-Pierre
Lieu des tournages :
Centre d'archives de Montréal

Texte :
  • MDEIE