Cozic, lauréate

Témoignage

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Biographie

Pour cette année 2015, le prix Paul-Émile-Borduas récompense la persévérance de Cozic, deux soixante-huitards avant la lettre qui, depuis leur sortie de l’École des beaux-arts de Montréal en1967, n’ont jamais désarmé dans leur utopique et décisif combat : hisser l’imagination au pouvoir, seul moyen de changer la vie.

Le parcours de Monic Brassard et Yvon Cozic a débuté à l’époque du pop art, de la contre-culture et de l’underground pur et dur. De ces années effervescentes Cozic a su tirer l’essentiel pour tisser une œuvre inclassable.

Cozic, c’est plus de 300 expositions, quelque 30 œuvres d’art public, une présence remarquée dans les grands musées d’Europe et d’Amérique et un nombre impressionnant de prix et reconnaissances.

Cozic, c’est 45 ans de présence irradiante dans le monde des arts; autant d’années à interroger les formes, les matériaux, les couleurs et la lumière elle-même pour leur soutirer une sémantique inédite et pourtant éclatante d’évidence.

Cozic, c’est une œuvre de référence empreinte d’une authenticité essentielle et d’une profonde cohérence.

Cozic, c’est une suite de rencontres où l’on peut tutoyer l’ange de l’étrange et contempler un art se riant des chapelles – fussent-elles modernes, conceptuelles, actuelles…

Et c’est aussi, une vraie générosité artistique; un atelier grand ouvert aux artistes de la relève.

Dans la vaste famille de l’art dit contemporain, Cozic est respecté pour sa capacité à faire flèche de tout bois, pour sa joie féroce à défier les poncifs et pour sa capacité à mélanger, telles les couleurs sur la palette, les matières, les sources d’inspiration et les disciplines.

La facture inimitable qui en résulte donne toute sa mesure dans les œuvres d’art public. Fluides et rayonnants, les Cozic ornant les immeubles et espaces ouverts emportent l’adhésion immédiate du néophyte autant que du critique. C’est le cas notamment de l’espace Harmonia se déployant à l’entrée de l’école Harmony de Châteauguay : dans le hall aux brillantes couleurs primaires, une vaste main offre sa protection aux enfants à la façon des khamsas, ces « mains de Dieu » placées sur le seuil des demeures des pieux musulmans. Idem pour Espace d’un instant, les vitraux ludiques situés dans l’école l’Envolée de Granby ou encore pour Au cœur de la pierre, de l’école secondaire de Saint-Rémi. Toutes sont des créations dont la fraîcheur joyeuse franchit les fossés culturels, nulle mode ou idéologie ne venant troubler le coup d’œil.

En couronnant Cozic, le jury du prix Paul-Émile-Borduas accomplit pleinement sa mission à plus d’un titre. D’une part, il reconnaît la valeur d’une œuvre audacieuse, parsemée de propositions éclatées, habitées d’une poésie intrinsèque et d’un humour transcendant. Cependant, il y a plus encore. Contempler, toucher, se frotter à Cozic, c’est constater à quel point l’art peut s’avérer jubilatoire.

L’ajout de Cozic à la liste prestigieuse des Prix du Québec signifie la reconnaissance d’une carrière cohérente et insolemment diverse. Une carrière? Si fait, mais aussi deux artistes unis dans le talent, dans l’amour et au cœur d’un chapitre unique et atypique de l’histoire de l’art au Québec. Profondément dissemblable et unissant néanmoins deux regards et quatre mains, cette identité imbriquée est tout sauf anodine, en une époque éprise de reconnaissance individuelle. Néanmoins, Cozic persiste et signe, revendiquant une œuvre lumineuse et intriquée tel un objet quantique qui refuse la séparation originelle avec la dernière des énergies créatrices.

Information complémentaire

Membres du jury :
Sylvie Lacerte
Laurent Craste
Marc Garneau
Isabelle Hayeur (présidente)
Michel Saulnier

Crédit photo :
  • Éric Labonté
Texte :
  • Pierre de Billy