François Ricard, lauréate

Naissance le 4 juin 1947 à Shawinigan, décès le 17 février 2022 à 

Biographie

Professeur de lettres françaises et québécoises à l’Université McGill de 1971 à 2009, critique dans divers journaux et périodiques, chroniqueur à la radio, collaborateur régulier à des revues littéraires du Québec (Liberté, L’Inconvénient) et de France (L’Atelier du roman), coauteur de Histoire du Québec contemporain (1986), éditeur et directeur de collections dans quelques maisons montréalaises – dont le Boréal, où il est entré en 1984 et où il a fondé la collection d’essais « Papiers collés » –, auteur d’une douzaine d’ouvrages publiés entre 1973 et 2018, François Ricard n’a cessé depuis plus de quarante-cinq ans de contribuer par ses activités et ses écrits à la vie et au rayonnement de la littérature québécoise et de la culture littéraire dans son ensemble.

Malgré ces multiples activités, François Ricard ne tient toutefois qu’à une seule étiquette, un seul métier : celui d’essayiste. Car c’est dans et par l’essai – « cet art incompris », selon ses propres termes – que se résume tout son travail d’écrivain. Pour lui, l’essai (tel qu’il l’entend et le pratique, c’est-à-dire sous la forme que lui ont donnée les grands maîtres du genre, depuis Montaigne jusqu’à Pierre Vadeboncoeur) appartient à la littérature entièrement et de plein droit, à l’égal de la poésie, du théâtre ou du roman (qu’il affectionne particulièrement). « L’essai, dit-il, est souvent vu comme un fourre-tout dans lequel on classe tout ce qui n’est pas « fiction ». Pourtant, l’essai est une œuvre artistique, mais dans le genre discursif, si l’on veut. Ce n’est pas de la pensée préalablement élaborée que l’on transmet, mais de la pensée qui s’écrit. Cela ne repose pas sur des personnages ou des émotions, mais plutôt sur des idées qui se déploient dans l’écriture. C’est le lieu où la pensée se forme, se complexifie et se précise. » En ce sens, ajoute-t-il, l’essai, à l’instar de toute œuvre littéraire véritable, représente « une réalisation suprême de la langue. La langue non seulement pour sa beauté formelle, mais aussi comme instrument de découverte, ou mieux : d’interrogation du monde et de l’expérience humaine. »

Comme essayiste, François Ricard a publié notamment La génération lyrique (1992), ouvrage dont le retentissement a touché aussi bien le monde de la politique et des sciences humaines que celui de la littérature, ainsi que quatre recueils dans lesquels il a rassemblé (en les retravaillant) des textes d’abord publiés dans des revues : La littérature contre elle-même (1985), Chroniques d’un temps loufoque (2005), Mœurs de province (2014) et La littérature malgré tout (2018). Dans tous ces livres, dit-il, « je ne me présente pas comme un grand inventeur d’idées nouvelles. Ce qui m’importe surtout, c’est de garder vive l’étincelle de la perplexité, de la réserve mentale et de la distance à l’égard de ce qui nous est proposé comme croyances et idéologies. »

Dès le milieu des années 1970, François Ricard entrait au comité de rédaction de la revue Liberté, dont il sera le directeur de 1980 à 1986. C’est à cette époque que se produisent deux rencontres qui vont le marquer et l’inspirer à jamais. La première est celle de Gabrielle Roy, dont il a été l’ami et le collaborateur pendant dix ans, jusqu’à la mort de la romancière en 1983; sur elle, il a écrit d’abord un petit livre d’introduction (1975), puis une grande biographie (Gabrielle Roy, une vie, 1996), en plus d’une vingtaine d’autres textes. L’autre rencontre majeure est celle de Milan Kundera, l’écrivain et l’homme, à qui il consacrera une dizaine de postfaces (dans la collection « Folio ») et un essai d’ensemble (Le dernier après-midi d’Agnès, 2003), avant de préparer, avec l’auteur lui-même, l’édition de Milan Kundera : Œuvre dans la collection de la Pléiade (2011). Pour lui, ces deux écrivains auront été des maîtres irremplaçables. « Maîtres de littérature, maîtres de vie, ils m’ont tout appris, m’ont soutenu, m’ont montré la voie, et, si différentes – c’est-à-dire complémentaires – que soient leurs sensibilités et leurs œuvres, ils ont été pour moi, autant l’un que l’autre et chacun à sa façon, des modèles de ce que la littérature peut viser de meilleur. »

Sobriété et limpidité de la prose, foi absolue dans la valeur et les pouvoirs de la littérature, regard sceptique et ironique sur le monde actuel : l’œuvre de François Ricard occupe une position unique dans le paysage de la littérature québécoise contemporaine. Elle a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses reconnaissances, dont le Prix du Gouverneur général du Canada (1986), le prix Jean-Éthier-Blais (1997), la Grande Médaille de la Francophonie de l’Académie française (2001) et la médaille de l’Académie des lettres du Québec (2011).

Information complémentaire

Membres du jury :
Marie-Célie Agnant
Mélissa Verreault
Hector Ruiz

Crédit photo :
  • © Éric Labonté