Stanley Nattel, lauréate

Biographie

Le professeur Nattel est un homme de cœur, dans tous les sens du terme. Le cardiologue et chercheur à l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) a consacré sa carrière – qui n’est pas terminée, de préciser le principal intéressé – à comprendre et à mieux traiter la fibrillation auriculaire, ou atriale, un type d’arythmie cardiaque qui touche une personne sur quatre au cours de sa vie. Pourtant, la médecine n’a pas été pour lui un coup de cœur immédiat : il a d’abord cédé sa place au sein du programme contingenté de médecine à l’Université McGill pour faire un baccalauréat en mathématiques, physique et chimie. Après un an dans ces domaines, il a décidé de s’orienter en psychologie pour, finalement, revenir vers la médecine.

Au total, le jeune homme passera 11 ans à étudier la médecine, dont 4 ans de résidence en médecine interne et en pharmacologie clinique à l’Université McGill et 3 ans de spécialité en cardiologie à l’Université d’Indianapolis et à l’Université de Pennsylvanie.

Dès le début de sa carrière, le médecin combine son travail auprès des patients avec celui de chercheur. « La clinique me permet de soulever des questionnements auxquels je tente de répondre par la recherche », mentionne-t-il. La première chose qui l’a frappé, c’est le manque de connaissances sur les atriums (anciennement appelés oreillettes), les deux cavités supérieures du cœur, et sur le trouble électrique qui les affecte, causant la fibrillation auriculaire. En s’y intéressant de plus près, le chercheur a élucidé les mécanismes responsables de ce problème de battements cardiaques anormaux. « Nous avons découvert que la fibrose, une cicatrisation des tissus, causée par des maladies comme l’hypertension ou une défaillance cardiaque, amène à la fibrillation qui, en retour, peut provoquer l’insuffisance cardiaque ou l’AVC. C’est d’ailleurs la cause la plus importante de l’AVC chez les personnes âgées. » En poursuivant ses recherches, le médecin a découvert que la fibrillation pouvait elle aussi causer la fibrose et augmenter le risque de rechute. Il a d’ailleurs contribué à trouver des médicaments pour prévenir cette situation.

Après avoir enseigné à l’Université McGill, Stanley Nattel se joint à l’Université de Montréal. En 1990, il prend pour 14 ans la direction du Centre de recherche de l’ICM. Il y créera 15 laboratoires de recherche fondamentale et 20 groupes de recherche clinique. Sous sa gouverne, le financement et la production scientifique quadrupleront. En 2003, le Dr Nattel obtient la Chaire Paul-David en électrophysiologie cardiaque, la première chaire de recherche octroyée à l’ICM. Depuis 2010, il agit comme rédacteur en chef du Journal canadien de cardiologie, lequel a, sous sa direction, presque quadruplé son facteur d’impact et attiré plus de 80 % de soumissions d’articles rédigés par des chercheurs étrangers. Stanley Nattel a ainsi contribué à faire connaître la recherche et les chercheurs québécois et canadiens à l’échelle internationale.

Malgré toutes ces responsabilités, le cardiologue trouve le temps de s’entraîner régulièrement au gymnase. Il y rencontre même un entraîneur privé une fois par semaine, un cadeau temporaire que lui a fait sa femme il y a 15 ans, et qui s’est pérennisé. « Je recommande fortement l’entraînement à tous mes patients qui sont capables d’en faire », signale-t-il.

Son importante contribution dans le domaine de la cardiologie lui a évidemment valu de nombreux prix et honneurs. Parmi ceux-ci, mentionnons le prix Michel-Sarrazin du Club de recherches cliniques du Québec en 2011, le prestigieux prix Margolese 2017 de l’Université de la Colombie-Britannique, un doctorat honorifique de l’Université de Szeged, en Hongrie, et le titre de membre de l’Académie des sciences de la Société Royale du Canada en 2005. La portée de ses travaux telle qu’il fait partie du 0,01 % des scientifiques les plus cités sur le plan mondial, avec plus de 78 000 citations dans des revues scientifiques et plus de 600 articles publiés.

De ce fait, le professeur Nattel est constamment invité aux quatre coins du monde pour partager son expertise. Il a participé à quelque 500 symposiums et congrès. « Heureusement, j’adore voyager! » précise le globe-trotter. Une passion qui lui a sûrement été insufflée par ses parents. Le chercheur a en effet fait son premier grand voyage à l’âge de 1 an et demi, lorsque sa famille a quitté Israël pour venir s’installer à Montréal. Très vite, ses parents l’ont initié à l’anglais. Puis, il a pratiqué le français à l’école secondaire et en travaillant dans des usines pendant l’été. Mais il avoue que c’est à l’ICM qu’il a vraiment peaufiné la langue de Molière. « J’avais l’impression d’être toujours en vacances, car le français me rappelle la France que j’adore », raconte celui qui collabore à une chaire de recherche sur la fibrillation atriale à Bordeaux et qui a co-coordonné l’alliance de recherche Europe-Amérique du Nord en fibrillation atriale de la Fondation Leducq, basée à Paris.

Le cardiologue admet qu’il voyage peut-être un peu trop. Toutefois, avec sa réputation de sommité, ainsi qu’avec ses quatre enfants et ses huit petits-enfants qui sont dispersés à travers le monde – Israël, Irlande, New York et Phoenix –, gageons que Stanley Nattel n’a pas fini de sillonner la planète!

Information complémentaire

Membres du jury
Guy Sauvageau (président)
Vincenzo Di Marzo
Jean-Paul Praud
Alan Evans
Claire-Dominique Walker

Crédit photo :
  • Jean Leclair