Gaston Miron, lauréate

Naissance le 8 janvier 1928 à Sainte-Agathe-des-Monts, décès le 14 décembre 1996 à Montréal

Biographie

Poète et éditeur, l’un des six fondateurs de la maison de poésie
L’Hexagone dont il s’est longtemps occupé, Gaston Miron a marqué
le ciel des lettres québécoises par la force de son écriture
et la puissance de sa parole. Féru de sociologie et de politique, il
a été un éveilleur de la conscience nationale et un troubadour
de la quête amoureuse. Son œuvre, d’abord dispersée, s’est
trouvée réunie en 1970 sous le titre évocateur de L’Homme
rapaillé
. Salué par le Prix de la revue Études françaises,
ce recueil emblématique, dans ses grandes heures que sont La Vie agonique
et La Marche à l’amour notamment, compte parmi les pages qui ont
le plus fait connaître la situation aliénante de l’homme d’ici,
emprisonné dans sa langue comme dans sa manifestation au monde. Poète
de l’anti-poème, poète anthropologique, celui qui disait « 
écrire pour ne pas périr » a vu son œuvre traduite
en plusieurs langues, ambassadrice d’un art poétique qui était
aussi un art politique. Partout dans ses vers vibre une tension douloureuse
entre le silence et la parole écrite, entre le pays empêché
et sa naissance ardue.

Ardent défenseur des droits des francophones, Gaston Miron a été
de tous les combats engagés au Québec depuis 40 ans pour sauver
la langue française et lui donner une assise politique durable, conjuguant
la problématique de son propre corps avec celle du corps collectif, la
nation québécoise, manifestation que la langue, dans son avancée,
fait apparaître. S’inscrivant dans une lignée de poètes
et d’écrivains qui avant lui ont diffusé la nécessaire
affirmation nationale – François-Xavier Garneau, Octave Crémazie,
Alfred DesRochers –, il a été l’un des acteurs majeurs dans la
transformation de l’identité canadienne-française en identité
québécoise, à partir du milieu des années soixante.

Portée par le souffle épique de ses origines laurentiennes, l’œuvre
de Gaston Miron est impérissable. « Miron le magnifique »,
comme l’a qualifié son ami et poète Jacques Brault, fait désormais
partie des grandes voix du monde, les éternels qui impriment à
leur œuvre un art poétique d’une souveraine magnificence. « 
Je sais que la poésie parle la même langue dans toutes les langues,
écrivait-il. Je sais qu’elle est une autre langue dans la même
langue. Je sais que la poésie n’a qu’une seule patrie, la langue, mais
ma langue, elle, ma langue à moi, ma langue à nous, a une patrie
: le Québec. »

Information complémentaire

Date de remise du prix :
11 novembre 1983

Membres du jury :
François Ricard (président)
Guy Cloutier
Michèle Mailhot
Louise Milot
France Théoret
Crédit photo :
  • Bernard Vallée
Texte :
  • Pierre Filion