Jean Duceppe, lauréate

Naissance le 25 octobre 1923 à Montréal, décès le 7 décembre 1990 à Montréal

Biographie

Jean Duceppe fut l’une des personnalités les plus polyvalentes du milieu
artistique québécois. Comédien au théâtre,
à la télévision et au cinéma, il fut aussi metteur
en scène, animateur à la radio et à la télévision,
journaliste et même syndicaliste puisqu’il a été président
de l’Union des artistes durant quelques années à la fin de la
décennie 1950. C’était un homme résolument engagé
dans son métier, dans toutes ses formes d’expression, ainsi que dans
la quête identitaire de la société québécoise
de l’après-duplessisme. Il était de toutes les tribunes d’où
s’exprimait le désir de faire du Québec un pays souverain. Au
moment d’évaluer son héritage, on n’a pas hésité
à écrire que Jean Duceppe a été au théâtre
québécois ce que Félix Leclerc et René Lévesque
ont été à la chanson et à la politique.

Jean Duceppe était un « comédien du peuple ». C’est
sans doute l’un des plus beaux compliments que l’on puisse faire à un
artiste. Au théâtre, il savait établir avec la salle «
une connivence extrêmement généreuse et puissante »,
dira à sa mort le comédien Paul Hébert. Puis il ajoutera
que si Duceppe s’est si naturellement imposé à lui comme le Willie
Loman de La Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller, c’est parce qu’il possédait
cette « force d’incarnation des rêves, des espoirs et même
des revendications de l’homme nord-américain moyen ». Ce sont ces
rêves, ces espoirs et ces revendications de l’homme québécois
moyen qu’il a su si bien incarner tant sur la scène que dans sa vie publique
de tous les jours. Les Québécois et leur télévision
ont lentement vieilli avec lui et à travers lui au rythme de ces personnages
remplis d’humanité qu’il a interprétés au petit écran.
On peut penser au chauffeur de taxi Stan Labrie de La Famille Plouffe,
à Émery Lafeuille de Rue des Pignons et à «
pépère » de Terre humaine. Son interprétation
sensible d’un croque-mort et commerçant de village dans le très
beau film de Claude Jutra, Mon oncle Antoine, n’est pas étrangère
au fait que le film soit considéré encore aujourd’hui par certains
cinéphiles comme l’un des plus grands films québécois,
sinon le plus grand.

Il ne faut pas oublier pour autant que durant sa riche carrière de 50
ans, Jean Duceppe a joué sur scène et à la télévision
tous les grands auteurs québécois. C’est d’ailleurs au théâtre
qu’il fera son legs le plus important pour l’avenir de la vie culturelle québécoise
avec la création, en 1973, de la Compagnie Jean-Duceppe qui est d’ailleurs
toujours considérée par le milieu comme « l’œuvre de
sa vie ».

Information complémentaire

Date de remise du prix :
16 octobre 1979

Membres du jury :
Gilles Pelletier (président)
Louis-Georges Carrier
Nathalie Petrowski
Gilles Potvin
Vincent Warren
Crédit photo :
  • Compagnie Jean Duceppe. Tous droits réservés.
Texte :
  • Gaëtan Lemay